Ce septième chapitre m'a donné du fil à retordre ... et je ne suis pas arrivée là où je voulais aller.
Petit changement dans le langage non-binaire.
Je vais appliquer ces changements aux chapitres déjà postés.
L'article "lae" me donnait des petits soucis quant à sa prononciation, je l'ai changé en "li".
Ce qui me rappelle mon patois
Gardien étant masculin, je l'ai changé en Gardiann.
Pour ce qui est de
du/de la, j'ai opté pour
delet
au, à la fera
al.
Question vocabulaire courant :
Diligence : hâte
Diligemment : sans tarder
ire : colère.
Chat pître VIIDr Daphné Fisher, réveillez-vous ! … vous avez un appel urgent. Quelqu’un vous envoie un message subpatial … Dr Daphné Fisher, réveillez-vous ! Daphné et Tuvar émergèrent du sommeil en grommelant contre la voix de l’ordinateur qui répétait incessamment son message.
— Lol, je descends prendre l’appel, répondit-elle en passant rapidement une robe de chambre coupe kimono.
La voix de l’ordinateur se tut. Daphné descendit au salon tout en rabattant les pans de sa veste l’un contre l’autre. Elle dut synthétiser une ceinture pour les tenir en place car elle était descendue sans prendre celle d’origine.
— Lol ! Je suis là, avertit Daphné, une fois installée.
Le logo de Starfleet apparut sur l’écran puis fit place à la figure du Capitaine Picard.
— Bonjour Daphné. Je viens de te réveiller à ce que je vois.
— Bonjour Jean-Luc ! la voix rauque et les yeux ensommeillés. Il est arrivé quelque chose à William ?
— Non, non. Il ne s’agit pas de ça, la rassura-t-il. Will va bien.
— Je te manque à ce point pour que tu m’appelles en pleine nuit, quatre mois après ton départ ? plaisanta-t-elle.
— J’ai besoin de renseignements et c’est urgent. Que sais-tu de Neshin Iyr ?
— … Pas grand-chose. Il est bajoran. Un peu charmeur avec les dames, un peu grande gueule, plaisantin ou râleur. Le genre de gars qui tient le crachoir quand il est accoudé à un bar. Il sert parfois de coursier au réseau.
— Au réseau ?
— Au réseau Sources Ouvertes. La première fois que je l’ai rencontré, c’était à bord du cargo … Je ne sais plus comment il s’appelait … Il était commandé par une Acamarienne … Tresla ! … Et la dernière fois, c’était juste au moment où tu croisais dans le coin. Il m’a apporté un échantillon.
— Tu peux me donner la date ?
— Comme ça de mémoire ? … Oh, je dors encore ! Lol, envoie les coordonnées temporelles de l’arrivage de l’échantillon Epsilon 58 à mon correspondant, ordonna-t-elle à l’ordinateur.
— … Je l’ai, confirma Picard. Qu’est-ce que tu peux me dire d’autre ?
— Ben … Rien de certain en fait. Il m’a dit qu’il voulait arrêter de faire le coursier et se retirer sur Bajor, avoir sa petite ferme.
— Quand tu dis « rien de certain », il y a des bruits qui courent ?
— Sur le cargo, il m’a laissé supposer que sa cargaison ne correspondait pas à ce qui était écrit sur le bordereau. C’était la façon ou plutôt le ton qu’il employait. Donc, il faisait peut-être de la contrebande. Mais de la contrebande de quoi ? … Pff !
— D’armes ?
— En pleine guerre ? Non je ne pense pas. Il aurait été moins bavard. Il déteste les Cardassiens et ne s’est jamais caché de sa sympathie pour le Maquis. C’est un pléonasme quand on parle d’un Bajoran, je pense. Je le verrais bien fournir le secteur en bière romulienne. Mais ce sont de pures spéculations.
— Tu sais s’il franchit la zone neutre ?
— Je n’en sais rien. Vraiment rien du tout. La dernière fois qu’il est venu, on l’a obligé à se poser au spatio-port. Donc son vaisseau n’était pas en ordre pour se poser directement dans le coin. En général, c’est le cas quand le système de freinage n’a pas été révisé.
— Qu’est-ce qu’il vaut comme pilote ?
— … Le Réseau n’emploie pas des bras cassés.
— Qui l’a engagé au sein du Réseau ?
— Le Réseau est une toile. Je ne m’occupe jamais de logistique et je serais incapable de te dire qui le fait.
— Il y a quand même bien quelqu’un qui organise les transports.
— Oui, mais je ne sais pas qui. On est très discret sur le sujet.
— Enfin, s’écria Picard, si tu dois envoyer quelque chose à quelqu’un, comment est-ce que tu t’y prends ?
— Je contacte Neirua-Le 31 sur Deneb II. Guinan sait peut-être de qui il s’agit …
— Qu’est-ce que Guinan vient faire là-dedans ?
— Lis Neirua-Le de droite à gauche.
— … D’accord. Si les El-Auriens s’en mêlent, on n’est pas sorti de l’auberge. J’ai une autre question. Est-ce qu’il y a des Romuliens qui font partie du réseau ?
— …
— … Daphné ?
— … C’est délicat. Pas en subspatial.
— Je te rappelle que notre communication est cryptée.
— Oui, cryptée par Starfleet ! … Tu as toute ma confiance, Jean-Luc. Mais ce n’est pas le cas pour ceux qui t’emploient. Je ne peux pas me fier à une organisation qui a cautionné l’emploi d’armes chimiques et bactériologiques.
— Chimique, je vois de quoi tu parles, mais bactériologique ?
— Le Métamorphe de Deep Space Nine a été infecté par la Fédération pour qu’il infecte à son tour ceux de son espèce.
— … Tu es sûre de tes sources ?
— Kyra Neiris.
Il y eut un blanc.
— Je peux savoir le pourquoi de toutes ces questions sur Neshin ? relança-t-elle.
— Un incident à la frontière de la zone neutre. On a trouvé un appareil romulien à la dérive et son équipage inconscient. Selon eux, cela s’est produit après avoir croisé la route d’un petit vaisseau censé appartenir à ton coursier.
— Tu veux dire : Pouf ! ils ont rencontré son rafiot et ils sont tombés dans les pommes ?
— En gros, c’est ça. Ils ont été sédatés avec un gaz soporifique.
— Curieux ! … Je ne le vois pas faire ça. Et surtout dans quel but ?
— Ton bonhomme est introuvable et il faut calmer le jeu au point de vue diplomatique. Et puisque tu parles de rafiot : est-ce qu’il lui serait possible de s’occulter ?
— … Il y a des Klingons dans le réseau. Donc théoriquement possible mais hautement improbable. Ça consomme trop d’énergie.
— Tu vois autre chose à me dire ? … un détail qui pourrait m’aider ?
— Là, comme ça, non.
— Si quelque chose te revient, appelle-moi.
La transmission prit fin. Daphné était bel et bien réveillée. Elle préféra s’habiller pour de bon et rejoindre son laboratoire, plutôt que de se recoucher. Aussi, sa journée se termina-t-elle en début d’après-midi. Sentant l’effet du manque de sommeil, elle partit en promenade avec sa fille T’ara jusqu’à l’atelier.
— Alors, on vient dire bonjour à Tonton Tom ? salua joyeusement Thomas.
Il s’accroupit pour se mettre au niveau de la petite. Elle courut joyeusement vers lui en babillant. Une fois dans ses bras, il se mit à la faire virevolter dans les airs pour le plaisir de l’entendre rire. Cela amusa beaucoup ses parents.
— Tu viens nous donner un coup de main, demanda Tuvar ? Il n’y a pas beaucoup de travail pour le moment.
— J’ai terminé ce que je faisais, expliqua Daphné, je voulais me dégourdir les jambes et passer un moment avec T’ara.
Ils n’eurent pas le temps d’échanger longtemps. L’aéroglisseur de Zifraôh s’arrêta près de l’atelier quelques minutes après leur arrivée. Le Gardiannn se dirigea vers Daphné.
— Saluût, Daphné ! Je suis venu te demander un petit serrrviîce.
— Salut et bonne santé, Zifraôh ! Que puis-je pour toi ?
— Il faudrrrait que tu … rrrépondes à quelques questions.
— A quel sujet ? demanda-t-elle tout en le suivant un peu à l’écart.
— Une cerrrtai-ène conversation que tu as eu-u cette nuiiit. L’Administrrration centrrrale a consigné les rrrenseignements que tu as pu donner surrr l’individu. Mais il faudrrrait des éclairrrcissements.
— … À la demande de la Fédération, je suppose ?
— Tu supposes bien ! … Puisssque l’individuû s’est déjà posé surrr notrrre sol, il serrrait bon, pourrr notrrre sécurrrité, d’avoirrr en main toutes les carrrtes.
— Je ne vois pas très bien ce que je pourrais ajouter à … l’échange de cette nuit. Tu passes chez moi ?
— … Eh bien … l’Administrrration centrrrale m’a adjoint un consultant … en sécurrrité. Tu peux le rrrrecevoir ?
— À condition que ça ne s’éternise pas. Je suis assez fatiguée.
Zifraôh l’accompagna jusqu’au dispensaire où, fait exceptionnel, le consultant fut téléporté.
— Docteure Fisher, M.Noldan ! dit li Gardiann en faisant les présentations.
Ils se saluèrent. Noldan était typé vulcain, mais Daphné qui avait vécu assez longtemps en leur compagnie comprit tout de suite qu’il était un hybride.
— Si vous voulez me suivre, nous allons au salon, proposa Daphné.
— Je vous attendrrrai dehorrrs., répondit Zifraôh.
Une fois installé au salon, Noldan sortit sa tablette et commença sur un ton très formel.
— Nom, prénom, date de naissance ? commença Noldan.
— Daphné, Jutta, Liesel Fisher, Terre, Stuttgart, 2 juillet 2339.
— Date stellaire ?
— Il y a des convertisseurs. J’aimerais qu’on fasse au plus vite.
— Oui, mais je dois vérifier votre identité et …
— Scan oculaire ? ADN ? A votre convenance.
Noldan procéda au scan oculaire à l’aide du tricordeur qu’il portait à la ceinture.
— Quand êtes-vous arrivée dans le système Ghwenrhaâdy ?
— Le 15 de la huitième lune du cycle 20 de l’ère Taâgdaly. Vous disposez certainement de mon dossier. Tous ces éléments s’y trouvent. Voulez-vous que je vous en transfère une copie ?
— Non, ce ne sera pas nécessaire, répondit-il avec un sourire narquois. Je l’ai ici.
Il montra sa tablette.
— Vous me semblez bien pressée, ajouta-t-il.
— Ma nuit a été courte, je suis fatiguée.
— Désolé. J’ai tendance à oublier que les humains ont une piètre résistance à la fatigue.
Elle ne répondit pas mais lui adressa un regard peu engageant.
— … par rapport à d’autres espèces, ajouta-t-il. C’est scientifiquement prouvé.
— Les scientifiques n’emploient pas des termes comme « piètre résistance ». Cela n’est pas objectif.
— Désolé, je ne voulais pas … vous vexer ni perturber votre équilibre émotionnel, dit-il avec une pointe de condescendance.
— Pouvons-nous nous en tenir à l’objet de votre visite ? Quelles sont vos questions ? répondit-elle.
— Bien sûr. Avez-vous des connaissances dans le Maquis ?
— Le Maquis n’existe plus.
— Je reformule : connaissez-vous d’anciens Maquisards ?
— Thomas Riker a été mon patient et nous sommes restés en bon terme.
— C’est tout ?
— Comme ça, je ne vois pas …
— … M. Velekh ?
— Je l’ai vu trois ou quatre fois.
— Quatre fois.
— Vous posez des questions dont vous connaissez les réponses. Pouvez-vous vous concentrer sur le but de votre visite ?
— Quel est le nom de votre contact sur Romulus ?
— Pour la sécurité de mon contact, je m’abstiendrai de le révéler.
— Vous avez conscience qu’une telle attitude vous rend … ?
— Me rend … ? … Suspecte ? Suis-je l’objet d’une enquête ?
— Non. Pas pour le moment. Pour quelle raison avez-vous quitté Starfleet ?
— Parce que … euh … Ma lettre de démission se trouve dans mon dossier. Avez-vous de vraies questions à me poser ?
— Fisher, je vous rappelle que …
— DOCTEURE Fisher !
— Réaction émotionnelle ! Ts ! je ne vous imaginais pas si attachée aux marques de déférence ! … Au fait, je vous rappelle que c’est MOI qui mène l’interrogatoire.
— L’interrogatoire ? s’étrangla-t-elle. Mais il n'a jamais été question de ça !
Daphné bondit de son siège et fit un pas en arrière en appuyant sur son épinglette.
— LOL ! cria-t-elle. Alerte d’intrusion ! Vérification d’identité … examen d’audition !
Le rideau d’un champ de force s’abattit devant elle.
— Cessez ce manège, grogna Noldan, en se levant, c’est tout à fait ridicule.
—
Vérification d’identité terminée. Noldan, trente-sept ans, huit mois, sept jours, romulo-vulcain, consultant en sécurité en service sur Ghwenrhaâdy depuis sept lunaisons et vingt-deux jours. Examen d’audition en cours…— Maintenant que vous savez que c’est moi, vous pourriez …
—
… Violation aggravée des protocoles. Procédure invalidée. Contact avec les autorités en charge.Fleeza 2 se matérialisa alors que Zifraôh débarquait le salon, avant même que l’ordinateur n’ait terminé sa phrase.
— Noldan, sorrrrtez immédiatement ! intima-t-iel.
— M. Noldan, Vous n’avez ni mandat de perquisition ni mandat d’amener, renchérit l’HMA. Veuillez sortir.
Au même moment, le consultant recevait une communication via son Brassc.
—
M. Noldan votre accréditation est suspendue. Sortez immédiatement du bâtiment et attendez-nous dehors.
Fleeza 3 était apparue de l’autre côté du rideau énergétique.
— Daphné, tu vas bien ? Assieds-toi. Tivol est en route.
— Ça va aller, dit-elle soulagée. Il ne fallait pas le déranger.
— Tu es en sécurité. Li Gouverneur sera ici dans quelques minutes.
— Li Gouverneur ?
Noldan sortit en protestant.
— Je peux savoir à quoi tout ça rime ?
— Votrrre identité a été mise en doute dans un bâtiment de sécurrrité de classe B, répondit sèchement li Gardiann.
— C’est ridicule, je viens d’être identifié et …, s’énerva Noldan.
— Oh !
Rrréaction émotionnelle ! gronda-t-il. VOUS VOUS CRRRROYEZ OÙ ? AU TAL SHIARRR ?
La chevelure de Zifraôh se frisa brusquement raccourcissant du même coup sa longueur de trente centimètres. Ses doigts se ridèrent et s’allongèrent de longues griffes. Iel était hors d’ellui. Le consultant suspendu rongea son frein pendant qu’iel déversait son ire.
— JE NE VOUS PERRRMETS PAS, JE NE PERRRMETS À PERRSONNE DE TRRRAITER MES ADMINISTRRRÉS COMME VOUS VENEZ DE LE FAIRRRE, MÊME AU NOM DE LA SÉCURRRITÉ TERRRRITORRIALE ! EST-CE CLAIRRR ?
Un groupe se téléporta devant le dispensaire au même moment, offrant quelques secondes de répit à Noldan. Khaarney, li Gouverneur de Frhôh, li Professeur Efhraÿos, une jeune romulo-klingonne élancée et le Dr Tilov, andorien se matérialisèrent alors que Tuvar accourait vers sa maison.
— Je peux savoir ce qui se passe ? demanda-t-il à Zifraôh.
— Moi, je n’y comprends rien, marmonna Noldan.
— LA FERRRME ! tonna Zifraôh. VOUS PARRRLERRREZ QUAND VOUS Y SERRREZ INVITÉ. Daphné est en sécurrrité, Tuvar.
Khaarney s’approcha de Noldan pour lui confirmer sa décision.
— Vous êtes suspendu pourrr deux jourrrs. Votrre identité a été miîse en doute, parrce que, dans l’exerrcice de vos fonctions, vous avez vioôlé le prrotocole à quatrre rrreprrises. Vous ne pouvez pas prrrocéder à un interrrogatoirrrre sans inforrrmer l’interrrogéë qu’iel a drrroit à l’assistance d’an avocax.
— … Mais … mais elle le sait ! Elle …
— Vous n’avez pas rrrespecté la prrocédurrre, coupa sèchement li gouverneur. Hormis le fait qu’on vous a envoyé prrrocéder à une collecte de rrrenseignements et pas à un interrrogatoirre. Cela seul vous vaut un jourrr de suspension. Un second jourrr est ajouté parrce que vous n’avez pas tenu compte de l’état de santéé de l’interrresséë qui vous a signalé sa fatîgue, vous vous êtes perrrmis des allusions spécio-discrrimantes …
— Pardon ?
— … rrrracistes ! et parrrce que vous vous êtes livrrré à de l’intimidation de témoin. Je ne vous autorrrise pas à ouvvvrir la bouche autrrrement que pourrrr des excuses et les forrrmules de politesse d’usage.
Pour pouvoir pénétrer dans le bâtiment, li gouverneur, li professeur, la romulo-klingonne et le Dr Tilov durent se soumettre à un scan d’identification dans le hall du dispensaire. Ce n’est qu’alors que l’alerte d’intrusion fut levée que le champ de force fut désactivé.
Tuvar resta tranquillement à l’extérieur en compagnie de Zifraôh et ne se priva pas de toiser Noldan désormais condamné au silence.
— Je ne voudrais pas être à votre place, lui glissa-t-il, non sans ironie… Je pense que … vous allez devoir suivre une mise à niveau … au sujet de la législation ghwenrhaâdê … et sur les usages qui ont cours ... Ça ne rigole pas avec les vices de procédure, par ici … C’est important de tenir compte de la culture locale, si je puis me permettre … Consultant en sécurité ? … Mm Mm ! … j’ai connu … comment dire … des agents de renseignements plus subtils … Déclencher une alerte de sécurité dans les annexes d’un laboratoire de classe B ! Ts ts ! … Non, je ne voudrais pas être à votre place.
Noldan rongeait son frein. Répondre à Tuvar aurait prolongé sa suspension d’un ou deux jours supplémentaires. Li Gardiann trouvait cette intervention jouissive et ses cheveux se défrisèrent progressivement.
A l’intérieur, Tilov examinait Daphné.
— Niveau d’adrénaline et de cortisol élevé, déclara-t-il.
— On ne va pas en faire tout un plat ! répondit-elle.
— 12h de repos complet. Ordre du médecin, déclara-t-il. Fleeza 2, il faudra administrer 3 cc de …
— Non ! … s’il te plaît ! intervint-elle. On peut éviter la médication ? Je peux me mettre en stase.
— … Va pour la stase, concéda-t-il. Mais si tu n’es pas rentrée dans ton sarcophage dans une heure, je viendrai moi-même te sédater.
La romulo-kligonne s’approcha à son tour.
— Permettez-moi de me présenter : Me Fréézyr. Me Fraykhaâl est empêchéë, et si vous m’y autoriser, j’aimerais représenter vos intérêts dans cette affaire.
— Oui, bien sûr. C’est très aimable de votre part d’avoir fait le chemin jusqu’ici.
— C’est la prrrocédurrre, répondit gentiment li gouverneur.
— A propos de procédure, demanda Daphné, par quel prodige ce cow-boy est-il arrivé jusqu’ici ?
Li gouverneur soupira.
— Notrre prroprre serrrvice de rrrenseignement est beaucoup plus perrforrmant mais … la Fédérration a parrfois du mal à nous prrendre au sérrieux. Alorrs, l’Administrration centrraâle a voulu … fairre un geste diplomatique.
— Question diplomatie … commenta Daphné, j’ai connu mieux.
— J’espèrrre que cela n’entraverrra en rrrien notrrre collaborrration, déclara timidement li Pr Efhraÿos. Je serrrais trrrès peiné si … si … notrrre prrrojet devait avorrrter. Je suis rrrassurréë de voir comment votrrrre prompte rrrréaction à la moindrrrre menace de danger a … a … assurrré la sécurrrité du laborrratoire.
— Rassurez-vous, professeur, pour le moment, je n’envisage pas de déménager.
— Estimée, Docteurrre Fisherrr, reprit Khaarney, au nom de l’Administrration centraâle, au nom de la Gouverrnance de Frrhôh et en mon nom prroprre, je vous prrésente humblement mes excuûses pour le comporrrtement déplacé de M.Noldan. Sachez que des mesurrres disciplinairrres ont été prrrise à son encontrrre et qu’il devrrra rrrepasser un examen apprrrofondi avant de rrretrrrouver son accrrréditation.
— Très estiméë Khaarney, Gouverneur de Frhôh, j’accepte vos excuses et vous assure de ma parfaite reconnaissance pour la diligence avec laquelle vous avez assuré la protection de ces lieux et la défense de mes droits constitutionnels.
— Zifraôh ! fit li Gouveneur en contactant li Gardiann par l’épinglette connectée. Nous attendons M.Noldan, nous lui offrrrons générrreusement la possibilité de venirrr s’excuser.
Li Gardiann fit signe à Noldan de l’accompagner et Tuvar ferma la marche.
— C’est le moment de montrrrer … un contrrrôle parrrfait de vos émotions, ne put s’empêcher de lui dire Zifraôh.
Noldan poussa un très long soupir.
— Les usages veulent que vous commenciez par vous excuser auprès de ma compagne, expliqua Tuvar à mi-voix. Ensuite al gouverneur, puis conjointement al professeur Efhraÿos et au Dr Tilov pour le dérangement occasionné et vous terminerez par Zifraôh. Mais n’oubliez pas que les excuses vous lui présenterez s’adressent aussi à ses administrés.
— Merci du conseil, répondit Noldan, sans enthousiasme.
— Essayez d’y mettre un semblant de conviction si vous voulez éviter l’escalade, murmura Tuvar. Donc pas de soupir ou de regard fuyant.
— Je ferai mon possible.
Pour éviter tout impair, Noldan demanda humblement la permission de consulter de temps à autre sa tablette. Il présenta ses excuses comme le protocole lui demandait. Mais Daphné ne lui épargna pas une vacherie de son cru. Et elle était de taille. Quand li Gouverneur et sa suite se furent téléportés, elle salua Zifraôh en li remerciant pour la façon qu’iel avait pris soin d’elle puis elle se tourna vers Noldan.
— Noble Messer Noldan, en ces mots, je prends congé de vous en invoquant sur vous le lumineux souvenir del granz Ferkek li emperaire d’heureuse mémoire. Et selon les termes bénis de nos ancians, elleux qui fondirent Ghwenrhaâdy, le ventre de notre vie et qui la propagèrent sur Frhôh, li ensoleilléë, Frhîh li venteuss, Frhéh li caverneuss et Frhâh, li fertil qui resplendit d’arbres, de champs et d’animaux aux chants joyeux, il me revient d’appeler sur vous les souhaits d’un heureux retour chez vous.
Que le sol sous vos pieds soit ferme et sans danger, que la poussière vous épargne.
Que le vent vous pousse dans la direction qui hâtera votre voyage, afin que vous puissiez diligemment trouver repos en votre demeure.
Que le soleil vous éclaire sans vous brûler comme le feu, son enfant vous réchauffe sans vous détruire.
Que la pluie vous rafraîchisse sans vous faire transir.
Que l’Esprit ancian qui engendre toutes bénédictions vous préserve de tous dangers et éloigne ce qui pourrait vous être hostile par malveillance ou par inconscience.
Qu’iel vous épargne maux, malheurs et maladies.
Qu’iel vous rende féconss et fasse prospérer vos champs.
Paix sur votre demeure, votre société, celleux que vous chérissez et celleux à qui vous avez pardonné.
Bon voyage à vous !
Bon voyage à vous !
Bon voyage à vous !
Elle s’inclina trois fois. Noldan, décontenancé, consulta sa tablette et s’inclina à son tour, trois fois devant elle. Puis il s’efforça de répondre à cette longue formule qui n’était plus en usage que dans des coins reculés du système et qu’on réservait à des personnages de haute importance. Il ne pouvait rien faire d’autre que lui rendre cette politesse et en y mettant « un minimum de conviction »
— Noble et estimée Docteure Fisher, par ces dernières paroles, je prends congé de vous en invoquant sur vous par le lumineux souvenir del granz Ferkek li emperaire d’heureuse mémoire, Et selon les termes bénis de nos ancians, elleux qui fondirent Ghwenrhaâdy, le ventre de notre vie et qui la propagèrent sur Frhôh, li ensoleilléë, Frhîh li venteuss, Frhéh li caverneuss et Frhâh, li fertil qui resplendit d’arbres, de champs et d’animaux aux chants joyeux, je réponds reconnaissant pour votre chaleureuse hospitalité à vos souhaits et à vos bénédictions.
Que le sol sous vos pieds soit ferme et sans danger, que la poussière vous épargne.
Que le vent vous apporte rafraîchissement et garde debout votre demeure afin que vous y couliez d’heureux jours.
Que le soleil vous éclaire sans vous brûler comme le feu, son enfant vous réchauffe sans vous détruire.
Que la pluie vous rafraîchisse, féconde vos champs sans envahir vos biens.
Que l’Esprit ancian qui engendre toutes bénédictions vous préserve de tous dangers et éloigne ce qui pourrait vous être hostile par malveillance ou par inconscience.
Qu’iel vous épargne maux, malheurs et maladies.
Qu’iel vous rende féconde et fasse prospérer vos champs.
Paix sur votre demeure, votre société, celleux que vous chérissez et celleux à qui vous avez pardonné.
Restez dans la paix !
Restez dans la paix et la joie !
Restez dans la paix, la joie et le bonheur !
Il s’inclina à nouveau trois fois puis suivit Zifraôh qui avait beaucoup de mal à ne pas éclater de rire. Se cheveux s’agitaient dans tous les sens et faisaient des moulinets. Tuvar les regarda s’éloigner et quand il fut sûr qu’on ne pouvait plus l’entendre, il ne contint plus son hilarité.
— Tu vas te remettre ? lui demanda-t-elle, plaisamment. Allez, je vais aller embrasser T’ara, je dois me mettre en stase, sinon Tilov va rappliquer pour me faire la leçon.
— Moi, je vais m’en remettre, mais lui … Enfin, il s’en tire à bon compte : deux jours de suspension avec tout le déménagement qu’il a occasionné …
— … et une cuisante humiliation.
— Allez ! Bisous à T’ara et au dodo !
Quand Daphné sortit de stase, elle trouva Tilov à son chevet.
— Parfait, déclara-t-il en consultant les données du Brassc.
— J’aime te l’entendre dire. Mais tu t’es dérangé pour rien, Fleeza aurait pu s’en charger.
— Protocole ! Le branle-bas de combat d’hier exigeait la présence d’un second médecin.
— Protocole et branle-bas de combat pour aboutir à deux petits jours de suspension du cowboy, dit-elle en s’étirant.
— Il a embarqué pour Ghwenrhaâdy, hier soir. Khaarney a fait comprendre à l’Administration Centrale qu’iel n’en voulait plus sur Frhôh.
— … Ah oui ? Et tu crois qu’iels vont s’en débarrasser pour de bon ?
— Probablement pas. Mais iels vont le tenir en laisse, certainement. En laisse ou à la niche. Iels l’auront à l’usure.
— J’en suis moins sûre que toi.
— Tu vas aller manger ? Veille à avoir un apport suffisant en protéines.
— Il est un peu tôt, je vais attendre que tout petit monde se réveille.
— Je suis déjà debout ! … mais si tu veux paresser au lit …, fit une voix familière.
Daphné se retourna et aperçut Tuvar dans l’ouverture de la porte.