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 Daphne Fisher

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Lourima
Capitaine de flotte
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Lourima

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MessageSujet: Daphne Fisher   Daphne Fisher Icon_minipostVen 25 Juin 2021, 19:50

Petite intro : j'ai commencé cette fic il y a pas mal de temps et je ne parviens pas à la terminer.
Donc, pour m'obliger à écrire la suite, j'en poste le premier chapitre





Chapitre un

Neshin Iyr, rieur, secoua la tête en signe de désapprobation, agitant du même coup sa crinière et sa boucle d’oreille bajorane.

— Vous êtes complètement barge. Qu’est-ce que vous croyez ? Vous pensez vraiment qu’ils vont vous répondre ? déclara-t-il, les yeux pétillants.

Accoudé négligemment à la paroi de la cursive, un rien débraillé, il dévisageait son interlocutrice d’un air assuré.

— On verra bien, répondit-elle posément.

Elle devait être à la fin de la trentaine ou au début de la quarantaine. Elle portait des cheveux mi-longs. Sa coiffure et ses vêtements fonctionnels laissaient penser qu’elle tenait plus à son confort qu’à son apparence. Le genre de femme qui doit faire passer sa carrière avant le reste, se dit Neshin.

— Si vous voulez, moi, je vous y dépose, proposa-t-il. J’emprunte une navette, je vous téléporte à la surface et je ramène la navette avant qu’on ne se soit aperçu de rien.
— Et je reviens comment ? A la nage ? répondit-elle sans se démonter.
— Ils vous ramèneront à bord, comme ça, en un claquement de doigts ! dit-il en joignant le geste à la parole. Je l’ai déjà fait, me poser là-bas. Et pouf ! je me suis retrouvé dans ma navette, en orbite quand ils en ont eu marre de voir ma bobine.
— Mais oui, bien sûr, fit-elle, désabusée. J’ai passé l’âge de croire au Père Noël.
— Qui c’est, ce Père Nouvelle ?
— Noël. Une légende terrienne qu’on raconte aux enfants. Aux environs du solstice d’hiver, un vieillard joufflu vient durant la nuit apporter des cadeaux pour récompenser les enfants sages.
— Et leur envoyer un message subspatial en pensant qu’ils en ont quelque chose à faire et croire au père Motel …
— Noël, reprit-elle.
— … comme vous dites, c’est du pareil au même.
— Peut-être. Mais au moins, j’aurai essayé, répliqua-t-elle calmement.
— Vous pariez combien qu’ils vont vous répondre ? lança-t-il, toujours amusé.
— Je ne parie jamais.
— Tous les humains parient, rétorqua-t-il, goguenard et provocateur.
— Tous les humains que vous connaissez, corrigea-t-elle avec un sourire en coin.

Non, ce n’était vraiment pas le genre de femmes à se faire facilement emballer. Il s’éloigna en hoquetant, amusé, et en secouant la tête. Elle reprit son chemin vers la timonerie. La Commandante du cargo n’était pas là mais son Second, un Bolien, lui réserva bon accueil.

— Vous allez bien ? lui demanda-t-il.
— Oui … un peu nerveuse, avoua-t-elle. Vous avez déjà envoyé le message ?
— On vient de le faire. Mais ne soyez pas trop déçue si vous n’avez pas de réponse.
— Au moins, j’aurai essayé.
— … j’aurai essayé, dit-il lui aussi en chœur.

A chaque fois qu’on lui objectait que sa tentative risquait de ne rien donner, elle faisait la même réponse.

— On reste en orbite deux heures et puis on s’en va, expliqua l’officier.
— Ne le faites pas pour moi. S’ils veulent répondre, ils me trouveront de toute façon.
— Non, mais, c’était prévu comme ça, marmonna-t-il.
— D’accord. Je suis dans ma cabine. À plus tard, dit-elle en s’en allant.

Elle se retira dans ses quartiers. La cabine du cargo n’était pas d’un grand luxe, mais elle était pourvue des commodités de base. La passagère savait se contenter de peu ; elle s’était déjà retrouvée dans des conditions plus spartiates.   Elle s’enfonça dans l’unique fauteuil, prit une tablette pour lire le chapitre suivant du roman en cours et essaya de se changea les idées. Elle venait à peine de se replonger dans l’intrigue que le tintement de la porte retentit.

— Oui ! dit-elle distraitement.

Elle s’attendait à voir un membre d’équipage s’avancer dans l’embrasure, mais c’est un homme âgé qui apparut, quelqu’un qui ne figurait pas sur la liste des personnes à bord. Il était vêtu d’une tunique longue. Ses cheveux grisonnants étaient coiffés vers l’arrière et il portait un bouc. Elle s’était levée, stupéfaite et le regardait entrer sans savoir quoi dire.

— Bonsoir, dit-il. J’ai préféré passer par la porte, je ne voulais pas vous effrayer en apparaissant de but en blanc. Je m’appelle Ayelborne.
— Bonsoir. Je … je ne m’attendais pas à … à ce que vous vous déplaciez en personne, bredouilla-t-elle.
— Asseyez-vous, vous serez plus à l’aise, lui dit-il avec bienveillance. Nous avons reçu votre message et nous sommes fort étonnés que vous ayez tenté de nous contacter, Daphné Fisher.

Elle ravala sa salive et se rassit dans le fauteuil, mécaniquement, comme il l’invitait à le faire d’un geste de la main. Il prit la chaise rangée sous la tablette qui servait de bureau et s’assit en face d’elle.

— Je vous remercie de … d’avoir donné suite à mon message, dit-elle. Une guerre fait rage actuellement aux abords du quadrant gamma, une planète de notre Fédération a été envahie par nos agresseurs.
— Nous le savons, répondit calmement Ayelborne.
— Pouvez-vous y mettre un terme ? demanda-t-elle simplement.
— Nous n’avons pas pour habitude de nous mêler des conflits que mènent les autres espèces. La violence nous fait horreur.
— C’est bien parce que la violence vous fait horreur qu’au siècle passé, vous avez amené la Fédération et les Klingons à arrêter les hostilités et à s’asseoir autour de la table des négociations.
— C’est vrai, admit Ayelborne, mais la situation était différente.
— Ils se battaient sur votre territoire, commenta tristement Daphné.
— Nous ne pouvions pas le permettre.
— Parce que le conflit a lieu autre part, vous n’allez rien faire ?
— Nous ne pouvons pas intervenir chaque fois que deux espèces s’affrontent quelque part.

Daphné poussa un long soupir.

— Aujourd’hui, expliqua-t-elle, la Fédération qui rassemblent plusieurs espèces s’est alliée aux Klingons et aux Romuliens pour faire face aux agresseurs. Comprenez bien que nous n’avons pas voulu cette guerre. Le Dominion est dirigé par des Changeants, un peuple qui se pense supérieur aux autres au point de se faire passer pour des dieux auprès d’espèces qu’ils ont asservies.
— Oui, nous savons cela, admit Ayelborne et nous comprenons votre désarroi, Daphné Fisher. Cette guerre prendra fin dans un futur que vous connaîtrez.
— Bien sûr, répondit-elle. Mais en attendant, elle aura fait beaucoup des victimes. Elle n’en a pas assez fait comme ça ?
— C’est regrettable, en effet, répondit tranquillement Ayelborne.
— Je suppose que pour vous, la confrontation entre la Fédération et les Klingons, c’est comme si ça datait du mois dernier et la guerre du Dominion, prendra fin dans deux ou trois jours. Nos vies sont courtes. Elles doivent vous sembler de peu de valeur.
— Nous n’avons pas le même regard que vous sur l’existence.
— Sur l’existence de bipèdes éphémères qui sont des petites fourmis à côté de ce que vous êtes, commenta-t-elle, avec une pointe d’amertume.
— Je vous en prie, Daphné Fisher, ne nous en veuillez pas. Nous ne pouvons pas intervenir. Vos espèces doivent prendre leur destinée en main et construire leur avenir, apprendre de leurs erreurs pour pouvoir évoluer.

Elle ferma les yeux un instant et s’étonna de voir qu’Ayelborne était toujours là quand elle les rouvrit.

— Vous êtes fatiguée, Daphné Fisher, déclara-t-il.

Elle le confirma d’un signe de tête affirmatif.

— Je dors peu et mal, ces temps derniers.
— Quel est votre métier ? demanda-t-il.
— Je suis biologiste, répondit-elle, étonnée de la question. J’étudie les êtres vivants sous toutes leurs formes, enfin, sous forme organique. Il y a des formes de vie qui dépassent mon entendement limité, ajouta-t-elle avec une pointe de sarcasme.
— Et pourquoi étudiez-vous les êtres vivants, organiques ?
— Parce que j’aime ça, par curiosité scientifique.
— Mais dans quel but ?
— Cela permet de comprendre le milieu du vivant, de prévenir les maladies, d’éviter des désordres que l’on pourrait introduire en agissant imprudemment, de respecter l’équilibre naturel des mondes.
— C’est une bonne chose, très utile, approuva Ayelborne, placide. Vous devez continuer.
— Tant que je le pourrai. Tant que je serai en vie et que je disposerai d’un laboratoire pour mener mes recherches, dans un coin de l’espace qui sera encore en paix, répondit-elle, toujours amère.
— Vous trouverez cet endroit, assura Ayelborne avec la même tranquillité. Mais en attendant, il faut vous reposer. Je vais vous laisser à présent.
— Je vous remercie d’avoir pris la peine d’être venu jusqu’ici, sous cette forme, dit-elle, en se levant et en affichant un sourire poli.
— Au revoir, Daphné Fisher.
— Au revoir, Ayelborne.

Il se leva et disparut dans un éclair de lumière.

— Au moins, j’aurai essayé, murmura-t-elle.

Elle resta un moment quasi prostrée dans son fauteuil, ne sachant plus trop quoi faire. L’invasion de Betazed l’avait fortement marquée, perturbée. C’était si près de Vulcain.  Après avoir laissé son esprit divagué un bon quart d’heure, elle jeta un coup d’œil à l’horloge. Il était temps de regagner la salle à manger. Le cuisinier n’aimait pas qu’on soit en retard.

Elle venait à peine de prendre place que Neshin Iyr, le Bajoran pas très net, vint la rejoindre, son plateau dans les mains. Un peu envahissant, se dit-elle. Elle le soupçonnait de se livrer à des activités à la limite de la légalité.  

— Alors, demanda Neshin, curieux et émoustillé, des nouvelles ? Ils vous ont répondu ?
— Mouais, répondit Daphné, entre deux bouchées. Ils m’ont dit que j’étais trop grande pour que le Père Noël m’apporte des cadeaux et que je devais les acheter moi-même. Voilà.
— Un message subspatial ?
— Comme s’ils avaient besoin de ça. Leur représentant est venu me trouver directement, dans ma cabine.
— Ouh ouh  …, persiffla Neshin.
— Les Organiens sont incorporels, continua froidement Daphné. Cette forme de vie vous émoustille à ce point ?
— Donc, ils vous ont répondu, poursuivit-il. Et … ?
— Nous devons prendre en main notre propre destin.

C’était tout aussi laconique qu’explicite. Neshin eut le tact de ne pas insister, il trouva un autre sujet de conversation. Il était intarissable quand il s’agissait de parler des exactions cardassiennes sur Barjor et du Maquis.   Daphné finit par se demander si celui qu’elle prenait pour un contrebandier n’était pas en fin de compte un ancien maquisard essayant de passer entre les mailles du filet.

Une fois revenue dans sa cabine, la première chose qui lui vint à l’esprit fut la façon insistante avec laquelle Ayelborne lui avait recommandé de se reposer. Au fait, qu’avait-elle d’autre de mieux à faire ? Le voyage de retour allait prendre plusieurs jours.

Elle sortit un petit objet circulaire qu’elle posa sur une table basse, en face du fauteuil. Elle appuya sur une touche tactile et une petite lampe à huile à la flamme vacillante apparut. Elle venait à peine de s’asseoir que le tintement de la porte retentit. La commandante Tresla, une Acamarienne entre deux âges venait lui rendre visite.

— Bonsoir, Dr Fisher … Euh … il n’est pas permis de faire brûler quoi que ce soit à bord.
— Je vous rassure tout de suite, c’est un hologramme, lui expliqua Daphné. Et il a sa propre source d’alimentation.
— Ah bon ! C’est bien, soupira Tesla, soulagée.  Nous ne pouvons pas nous permettre de gaspiller l’air et l’énergie.  
— Asseyez-vous.
— Je ne fais que passer. Nous n’avons reçu aucune réponse d’Organia, mais Neshin prétend qu’un des leurs est venu à bord pour vous parler.
— C’est exact. Pour m’opposer aimablement une fin de non-recevoir. Je devais m’y attendre.
— Nous n’avons détecté aucune … aucune trace de fluctuation d’énergie ou quoi que ce soit d’autre.
— Ça ne doit pas vous étonner venant d’eux.
— Bien… Alors, si vous avez eu votre réponse …
— Je n’ai plus de raison de rester dans les parages. Je vais tâcher de me détendre et de dormir. Ça économisera l’air, plaisanta-t-elle.  J’ai un gros déficit de sommeil. Surtout qu’on ne me réveille pas.
— C’est d’accord. Je vous envie, j’aimerais pouvoir en faire autant, répondit Tresla avant de prendre congé.

Daphné reprit place dans son fauteuil en face de la lampe holographique. Elle joignit les mains, croisa les doigts à l’exception des index qui, tendus, s’accolaient l’un à l’autre.  Elle mit du temps à se vider la tête de tout ce qui pouvait l’encombrer et la séance de méditation se prolongea pendant plus de deux heures. Il faut vous reposer. L’injonction s’imposa à elle soudainement, comme une évidence et elle se mit au lit.

Quand elle rouvrit les yeux, elle alla droit vers l’horloge et ouvrit des yeux effarés en découvrant l’heure et la date. Elle avait dormi trente-sept heures d’affilée. Ça ne lui était jamais arrivé. Elle avait la langue sèche, la bouche pâteuse et une grande soif. Le synthétiseur rudimentaire lui fournit un litre d’eau aromatisée qu’elle avala tout en se lavant et s’habillant.

L’heure du repas approchait, elle se rendit à la salle à manger où elle patienta devant un bol de bouillon que le cuisinier ronchon avait daigné lui servir. Dès que Neshin franchit la porte et qu’il la vit, il se dirigea vers elle et lui demanda s’il pouvait s’asseoir à sa table.

— Je ne savais pas que les humains hibernaient, dit-il en plaisantant.
— Je l’ignorais aussi, répondit-elle de bonne grâce. Mais de vous à moi, j’avais vraiment besoin de récupérer. Ça m’a fait du bien.
— Tant mieux. Euh … je ne sais pas si vous êtes au courant .
— Au courant de quoi ?
— Ils ont des soucis d’injecteurs, ils doivent les remplacer et pour ça ils vont devoir faire un détour par Dénobulia. Votre voyage va se prolonger de quelques jours.
— Dénobulia … Le médecin du tout premier vaisseau d’exploration terrien était dénobulien, vous le saviez ?
— Non, vous venez de me l’apprendre. Et pourquoi vous me dites ça ?
— Je ne sais pas. Une idée qui vient de me passer par la tête. C’est peut-être ma chance qui se présente. Depuis le moment où je me suis réveillée, j’ai l’impression qu’un ange gardien veille sur moi.
— Un ange gardien ?
— Un esprit protecteur, expliqua-t-elle.
— Oh, je ne crois pas à ce genre de choses, fit-il désabusé.
— Je n’y crois pas fort non plus, assura-t-elle. C’est une manière de parler.
— Beaucoup de Bajorans sont croyants, poursuivit-il. Ou plutôt superstitieux. Les Prophètes n’ont jamais rien fait pour nous, pour nous sauver des Cardassiens. C’était plutôt une façon pour les gens de ne pas perdre espoir.
— Mouais … Quand je pense qu’un officier de Starfleet se fait passer pour l’émissaire des Prophètes, répondit-elle sur un ton méprisant. Et il y a des naïfs pour croire ça.
— Starfleet ! reprit Neshin, en faisant la grimace.
—  Ne m’en parlez pas ! J’espère qu’une fois la guerre terminée, il y aura un fameux travail de débroussaillage et de remise en question pour en revenir à des valeurs plus éthiques. J’ai vu des choses qui m’ont dégoûtée … D’ailleurs, je leur ai remis ma démission aussi sec.
— À cause de cet officier qui se fait mousser auprès des Védeks ? s’étonna-t-il.
— S’il n’avait fait que ça !  Allons, parlons d’autres choses. Je ne veux même plus y penser.

D’vrinn, la pilote orionne vint les rejoindre.

— Ah ! Dr Fisher, vous allez bien ? Je commençais à m’inquiéter de ne plus vous voir. Je fais office d’infirmière à bord. C’est normal que les humains dorment si longtemps ?
— Non, c’est tout à fait inhabituel. Mais ça m’a fait beaucoup de bien.
— Tant mieux … Je dois vous dire de la part de la Commandante que nous allons prendre du retard.
— C’est ce que Neshin vient de m’expliquer.
— On fait un détour par Dénobulia, ça va rallonger le voyage de cinq jours. Désolée, mais on ne peut pas faire autrement.
— Ce n’est pas grave. Personne ne m’attend.
— Tant que j’y suis, quelqu’un a voulu vous joindre hier, mais comme vous aviez demandé de vous laisser dormir, on lui a dit de réessayer aujourd’hui à la même heure, dans l’après-midi.
— Vous savez qui c’est ?
— Un Vulcain ou un Romulien, quelque chose de ce genre.
— Alors c’est un Vulcain, je ne connais pas de Romulien.  
— Un Vulcain ! vous en avez de ces fréquentations ! grogna Neshin avec humour.
— Il faut de tout pour faire un monde, répondit-elle gaiement.


En effet, on lui annonça quelques heures plus tard qu’il y avait une communication pour elle. Un visage vulcain apparut dans le petit écran dont elle disposait dans sa cabine.

— Dif-tor heh smusma ! dit-elle en levant la main et en écartant le majeur et l’index.
— Dif-tor heh smusma ! répondit son correspondant en la saluant de même. Votre accent s’améliore, Dr Fisher.
— Merci, M. Vanik. Vous avez essayé de me joindre hier, m’a-t-on dit.
— C’est exact. On m’a répondu que vous dormiez.
— Pour tout vous dire, j’ai pu mener à bien une longue séance de méditation qui m’a plongée dans un état de relaxation avancé. J’ai dormi trente-cinq heures et vingt-deux minutes d’affilée.  Vos leçons ont porté leurs fruits.
— J’en suis satisfait. Auriez-vous atteint l’état de transe ?
— Non, ma physiologie ne s’y prête pas. Mais ce long repos est à venu à bout de ma fatigue.
— Fort bien. Serait-il indiscret de vous demander l’avancement de votre démarche ?
— Il n’y a pas d’indiscrétion. Les Organiens ont envoyé un de leur délégué pour me faire savoir qu’ils répugnaient à intervenir et qu’ils ne le feraient pas. Ils ont laissé entendre que la fin de la guerre pourrait survenir prochainement. Mais ils n’ont pas été très explicites quant au délai.
— Selon les relations qu’en a fait l’Ambassadeur Spock, les humanoïdes sont aux yeux des Organiens, sont ce que sont les amibes à nos yeux.
— Je sais, M.Vanik. J’ai pris connaissance de ses rapports. Cependant, j’ai senti … pardon ! … J’ai perçu … Je ne sais trop comment l’exprimer. Les termes qui me viennent à l’esprit vont vous sembler tellement …  
— Je pense pouvoir les comprendre.
— Eh bien, l’Organien s’est enquis de mes activités et a perçu ma lassitude. Il semblait plus enclin à … Enfin c’est idiot. C’est complètement subjectif.
— Laissez-moi me faire ma propre opinion, répondit-il calmement.
— J’ai eu l’impression qu’il se préoccupait davantage de ma personne que de ma requête. D’ailleurs c’est suite à son intervention que je me suis plongée dans une méditation fructueuse alors que mes précédents efforts n’avaient mené à rien.
— Vu le peu de choses que nous savons des Organiens, cette hypothèse n’est pas à écarter.
— Ils n’entrent pas dans nos schémas habituels de pensée.
— Une amibe ne peut pas comprendre la logique d’un humanoïde.
— Très pertinent, M.Vanik. Etant donné qu’une amibe n’a pas de cerveau.
— Je suppose qu’il s’agit d’un trait d’humour, dit-il en soulevant le sourcil droit.
— C’en est un. Vous commencez à vous familiariser avec les réactions humaines, répondit-elle en essayant de modérer son sourire.
— A force d’en fréquenter ! Que comptez-vous faire, à présent ?
— Le cargo où je me trouve doit faire escale sur Dénobulia. Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai l’impression que quelque chose m’attend là-bas.
— Pouvez-vous préciser ?
— J’en suis incapable. Je ne vais pas vous parler d’intuition, ce concept doit vous être étranger.
— Prémonition, peut-être ? suggéra-t-il.
— Disons que je préfère laisser mûrir une hypothèse, le temps de peser le pour et le contre.
— Vos compétences seront appréciées sur n’importe quelle planète de la Fédération. Dénobulia est renommée pour son Institut de médecine. Une Docteure en microbiologie, biologie cellulaire et bio-chimie ne peut qu’y être accueillie favorablement. Sans compter que vos travaux en génétique sur …
— Merci M. Vanik, interrompit-elle, mais je n’ai pas l’intention de présenter de thèse supplémentaire. Je cherche surtout à être utile à mes semblables, pour le moment, pas à ajouter un énième doctorat à mon parcours académique.
— C’est ce qui me paraît le plus logique dans l’état d’esprit où vous vous trouvez.
— Et vous, M.Vanik, comment allez-vous ?
— De façon très satisfaisante, étant donné les circonstances.
— Celles-ci évoluent-elles favorablement ?
— C’est le statu quo. Nos défenses sont bien organisées mais le pourcentage de risque d’invasion reste inchangé.
— Cela reste préoccupant.
— La logique m’amène à penser que l’union du Dominon et de Cardassia est vouée à l’échec. Les Cardassiens sont un peuple fier et belliqueux. Se laisser gouverner par d’autres en faisant le dos rond n’est pas dans leur nature.
— Puisse le Ciel vous entendre ! Je voulais dire : puisse l’avenir confirmer la logique votre hypothèse.
— Dr Fisher ! … Nous nous connaissons depuis assez longtemps pour que vous ne vous donniez plus la peine de tout transposer en phraséologie vulcaine.

Daphné surprit un léger soulèvement de la commissure droite des lèvres de Vanik pendant qu’il haussait les sourcils, ce qui équivalait chez lui à un sourire.
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MessageSujet: Re: Daphne Fisher   Daphne Fisher Icon_minipostDim 27 Juin 2021, 05:22

Encourageant, maintenant que tu as posé les personnages et la situation de base j'attend la suit avec impatience
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MessageSujet: Re: Daphne Fisher   Daphne Fisher Icon_minipostDim 27 Juin 2021, 08:09

Voici le deuxième chapitre, le troisième est en cours d'écriture

Chat Pitre deux.

Le système Ghwenrhaâdy est situé dans le quadrant alpha, à la bordure de l’espace de la Fédération à laquelle il adhère.  Il compte la planète mère, Ghwenrhaâdy ,  et quatre planétoïdes : Frhôh, Frhîh, Frhéh et Frhâh. Le langage des Ghwenrhaâdên contient beaucoup de fricatives et leur R est roulé. Ces sons qui ressemblent à un froissement d’ailes d’oiseau était autrefois une façon d’appeler la bénédiction des divinités. Les Ghwenrhaâdên ne sont plus guère croyants mais ils ont conservé cette manière de souhaiter bonne chance. C’est ce qui a décidé du nom des planètes secondaires qu’iels ont colonisées.

Colonisées est sans doute un bien grand mot. Les Ghwenrhaâdên qui constituaient il y a plus de trois siècles une société florissante sont aujourd’hui en déclin. Iels sont peu nombreux dans leur monde mais très accueillantz vis-à-vis de tout qui accepte leurs valeurs et leurs principes. Leur système planétaire en soi n’a pas grand en chose à offrir. Leurs ressources naturelles sont restreintes. Une mauvaise gestion de celles-ci par le passé et des catastrophes naturelles les ont réduites à peu de choses, même si peu à peu, la nature reprend ses droits. Les Ghwenrhaâdên sont, par contre, à la pointe de la technologie éco-énergétique et en revitalisation des espaces désertifiés.

Les Ghwenrhaâdên sont des humanoïdes hermaphrodites. Leur peau blanchâtre a des reflets bleus ou lilas. Iels ne dépassent guère le mètre soixante-cinq. Leur carrure est développée, leur taille serrée et leurs hanches larges. Iels ont de très grands yeux en amande bordés de longs cils, un nez qui ressemble à celui d’un chat, une bouche aux lèvres minces, un visage triangulaire.

Mais le plus étonnant est leur chevelure, toujours très longue ; elle descend jusqu’au pli poplité. Chaque follicule capillaire est muni d’un muscle qui peut rétracter jusqu’à 20 cm de la longueur en dessous de l’épiderme, en cas de danger. Le reste du cheveu se frise alors pour se coller au plus près du crâne.

Ce qui frappe d’abord ceux qui les voient pour la première fois, est plutôt la teinte multicolore de leur chevelure. D’une tempe à l’autre en passant par l’arrière de la tête, elle présente toutes les nuances du spectre lumineux. Les mèches encadrant le visage peuvent être orange à gauche et rouge à droite ou bleu à droite et mauve à gauche, le reste de la chevelure passant par les autres couleurs de l’arc-en-ciel.

Cette chevelure brillante et soyeuse, reflétant la lumière bien plus que chez une autre espèce a une autre particularité. Les Ghwenrhaâdên peuvent la faire se mouvoir par mèches comme s’il s’agissait de bras ou de tentacules. Pour an Ghwenrhaâdè, poser sur vous une mèche de cheveu, l’enrouler autour de votre bras, votre épaule, est une façon très familière de vous assurer de sa bienveillance ou de vous rassurer.

S’iels sont pacifiques et bienveillants, les Ghwenrhaâdên n’en sont pas pour autant dépourvuz de moyens de défense. Leurs ongles bien polis mais pointus sont en fait des griffes rétractiles capables de lacérer et leurs lèvres minces dissimulent des canines redoutables à côté de jolies incisives plates comme celles des humains mais aussi tranchantes que celles d’un cheval. Iels sont rapides à la course et souples comme des chats.

Les Ghwenrhaâdên ne vivent pas en couple mais en société de quatre à cinq individus. Autrefois ces sociétés pouvaient compter jusqu’à huit ou neuf membres. Les brassages de populations plus nombreux favorisaient la variété génétique. Les catastrophes qui ont touché leur système par le passé ont rendu pendant très longtemps les communications plus difficiles entre les cités. Et l’endogamie qui en a suivi a fait baisser le taux de fertilité.

Pour lutter contre ce phénomène, les Ghwenrhaâdên organisent aujourd’hui de grands rassemblements bisannuels interplanétaires mais intra-systèmes, au cours desquels les sociétés se rencontrent les unes les autres et se réorganisent. Certains cohabitants quittent leurs partenaires pour intégrer d’autres sociétés, ce qui ne va pas sans certains déchirements affectifs. Le cohabitant emmène avec lui les enfants de moins de quinze ans qu’iel a mis au monde dans la société qu’iel intègre. Les engendrés plus âgés choisissent de le suivre ou non car iels viennent de passer le cap de la puberté. S’iels atteignent la maturité sexuelle vers dix-huit ans, les Ghwenrhaâdên ne connaissent pas leurs premiers ébats avant l’âge de vingt ans. Leur longévité avoisine les cent quarante ans.

La cité de Khwôrhn ne compte en tout et pour tout que sept sociétés ghwenrhaâdên. Elle est sise sur Frhôh dans le continent nord. Les autres habitants sont d’espèces variées et métissées. Les hybrides s’y trouvent à l’aise. Leur monde est si varié qu’iels ont de la peine à croire que des planètes sont principalement peuplées par les espèces qui en sont originaires. Li Gardiann de Khwôrhn s’appelle Zifraôh, iel a quarante-cinq ans et partage sa vie avec quatre partenaires. Li Gardiann est en sorte le chef de la cité, élu pour à cette tâche pour trois cycles solaires. Khwôrhn est une ville très calme et Zifraôh n’a pas souvent que des choses très courantes à gérer.

Le jour où commence notre récit, Zifraôh prit l’aéroglisseur pour se rendre dans un hameau à cinquantaine kilomètres de la cité,  Khwôrhn-Adyr. Plus aucune société ghwenrhaâdên n’y réside, la dernière s’est éteinte, il y a soixante-trois ans ; on y trouve donc une population cosmopolite de deux mille cent cinquante-trois habitants.

Zifraôh brancha le pilote automatique et parcourut ses notes. Le véhicule propulsé à l’énergie solaire atteint rapidement la vitesse de 150 km/h. Le satellite n’avait détecté aucun mouvement sur la route, il pouvait se mouvoir à cette vitesse en toute tranquillité. La décélération s’amorça à l’approche du village, par chance, le dispensaire où il devait se rendre, se trouvait en bordure d’agglomération. L’aéroglisseur n’aurait pas à louvoyer entre les habitations pour atteindre son but.

Iel descendit devant la porte d’un bâtiment rectangulaire à deux étages et à toit plat. Le rez-de-chaussée était occupé par les infrastructures médicales : un hall d’entrée, une salle d’attente et une infirmerie d’une capacité de cinq lits, capacité virtuelle car on n’avait jamais compté plus de deux malades à la fois. A l’arrière, se trouvait un espace holographique thérapeutique. Zifraôh n’avait jamais bien compris à quoi cela pouvait bien servir mais comme le projet avait été approuvé par le gouvernement central, iel ne se posait pas trop de questions.

Il y avait aussi un petit salon où débouchait un escalier menant à l’étage. Il s’agissait d’un espace privé, réservé à l’assistante médicale, son compagnon et son enfant. Elle descendit à la rencontre del Gardiann tout en ôtant sa blouse blanche.

— Bon soleil et frrrraîcheur de la rrrosée, Daphné, fille de la terrrrre, salua Zifraôh en s’inclinant vers elle et en agitant ses mèches temporales en moulinet.
— Bon soleil et rafraîchissement ombragé, Zifraôh, Gardiann de la Cité. Tu es bien cérémonieux, aujourd’hui. D’habitude tu te contentes d’un simple bonjour. Assieds-toi. Que veux-tu que je te serve ? J’ai de l’eau limonisée ou du thé de Kfardy.
— De l’eau feraâ l’affairrre, dit-iel en s’asseyant et en se laissant servir. Tu as dû rrrecevoir mon messaâge ?
— Bien entendu. Mais il était bref et lacunaire. Qui est cette personne qui n’a pas réussi à me joindre ?
— Chôlouk Picaâhh. Le capitaine Chôlouk Picaâhh.
— ? … Ah ! tu veux dire « Jean-Luc Picard » ! s’exclama-t-elle après trois secondes d’interrogation.
— C’est Picarrr ? Pourrrquoi l’officier de liaison n’a pas bien prrrononcé le nom ?
— Une histoire d’accent, sans doute.
— Je ne voudrrrais paâs que notrrre système de communication apparrrraisse comme arrrriérrré aux yeux de la Fédérrration.
— D’un autre côté, Khwôrhn-Adyr est un bled au milieu de nulle part, pas une station interstellaire
— Mais doté d’un excellent poste sanitairrre, à la pointe du prrrogrrrè-hès.
— Paix sur toi et nombreuse descendance ! répondit Daphné, de la manière locale de dire merci. Quand penses-tu me faire parvenir la prochaine communication ?
— Dans exaâctement trrrente-sept minutes et trrreize secondes !
— Je serai à mon poste.
— C’est un de tes âââmis ?
— Plutôt une connaissance. Nous nous entendons bien. J’ai voyagé à bord de l’Enterprise il y a de cela … pffff … huit ans ?
— Avant la guerrrre ?
— Avant la guerre, effectivement. Et nous nous sommes revus après, sur terre, avant que je ne vienne m’installer ici.
— Une petite visite de courrrtoisie, alorrrs !
— Tu penses à quoi exactement ?
— Moi ? À rrrien, se récria-t-iel. C’est toi qui es nerrrveuse !

Une mèche de Zifraôh vint s’enrouler autour du poignet de Daphné, ce qui la fit sourire.

— Tu es aimable, Zifraôh, commenta-t-elle.  Tu as raison : tout ce qui a trait à Starfleet me rend nerveuse.
— Ne t’en fais paâs ! Parrrler à un ami, ça doit êtrre un plaisiîrr. Et si tu éprrrouves de la gêêêne, aprrrès tu n’as pas besoin de rrréseau subspatial pourrr me parrrler. La moindrrre anicrroche … je suis làâ pourrr toi, je suis là pourrr ça … pourrr tout arrranger.
— C’est gentil de ta part. Il n’y a pas de raison pour que ça se passe mal.

La chevelure de Zifraôh se mit à onduler, signe qu’iel était contentz, satisfait. Iel repartit après avoir terminé son verre et Daphné se mit à décompter les minutes jusqu’à la transmission de son appel, dans ses appartements.

L’écran bleu marqué du sigle blanc de la Fédération s’afficha sur l’écran à l’heure dite et le visage du capitaine Picard apparut la seconde suivante.

— Bonjour Daphné ! Tu es … resplendissante, s’exclama-t-il. L’air de Frhôh te réussit au teint.
— Bonjour Jean-Luc ! Merci du compliment. Dis-moi, que me vaut l’honneur ?
— Oh … eh bien … Je suis dans les parages.  L’Enterprise est dans les parages. Nous croisons au large de ce système. L’équipage est fatigué et j’ai décidé d’octroyer plusieurs jours de permission.
— … dans le système Ghwenrhaâdy ? s’étonna-t-elle. C’est pas Risa !
— Oh Risa, c’est surfait ! Il ne m’y est arrivé que des ennuis. Et puis, il y a des endroits charmants à Ghwenrhaâdy.
— Frhôh n’est pas vraiment un endroit touristique, mais il y a de jolis coins, c’est vrai.
— Tu risques de croiser mon second, William Riker. Tu te souviens de Riker ?
— Difficile de ne pas se souvenir de lui, dit-elle en levant le bras avec la main parallèle au sol, pour faire allusion à sa taille.
— Il n’a pas trop le moral, pour le moment, soupira Picard sur un ton nettement moins enjoué. On a traversé ensemble des situations périlleuses, difficiles, et il a toujours pu rebondir. Mais là … Je me fais du souci pour lui.
— A ce point ? Et Mme Troi, votre conseillère, qu’est-ce qu’elle en dit ? Elle est toujours membre de votre équipage ?
— Oui Deanna est toujours des nôtres. Elle pense que Will devrait aller au bout de sa démarche.
— De sa démarche ? interrogea Daphné, en écho.
— Si tu croises Will, il te l’expliquera lui-même, je préfère ne pas trop en dire. C’est en rapport avec le crash du cargo VR 217. Tu es courant, je suppose.
— Difficile de ne pas être au courant : ça s’est passé à 37 km d’ici et mon compagnon était le premier sur place.
— Riker voudrait rencontrer les survivants. C’est tout ce que je peux t’en dire. Le reste relève de la confidentialité.
— Mm Mm … il y avait deux cardassio-bajorans, un frère et une sœur, une Trill, un Vulcain et un humain.
— Les deux cardassio-bajorans sont rentrés sur Bajor. Will aurait voulu les voir mais ce n’est pas possible.
— Ils font l’objet d’une mesure de protection sociale, commenta Daphné. Qui lui a parlé d’eux ?
—  Ro Laren, une ancienne officière bajorane de Starfleet …
— … qui a rejoint le Maquis. J’en ai entendu parler.
— Dans le cadre des tractations pour l’adhésion de Bajor à la Fédération, tous les anciens maquisards bajorans faits prisonniers ont été rendus à leur planète d’origine. Pour Ro, c’était un peu plus compliqué, vu qu’elle a trahi  Starf…
— … Ahum ! interrompit Daphné en se raclant la gorge d’une manière vraiment peu naturelle.
— Oui, je sais ce que tu en penses et où vont tes sympathies, admit Picard. Alors pour la faire brève : Bajor avait besoin d’officiers compétents, Ro a été libérée sous condition, celle de rester dans son système d’origine. Et Bajor l’a aussitôt intégrée dans son corps de défense. Will a voulu prendre de ses nouvelles et c’est en parlant avec elle qu’il a appris cette histoire.
—  … Toute personne en  Ghwenrhaâdy qui est intervenue dans le cadre de ce crash ou du suivi des naufragés, à quelque titre que ce soit, même bénévole, volontaire, est tenu au secret professionnel, avertit Daphné. Tout ce que je peux t’en dire relève des généralités. Les naufragés étaient dans un état physique et psychologique déplorable du fait de leurs conditions de détention avant leur évasion du système cardassien. Ils souffrent toujours d’un syndrome de stress post-traumatique.

Elle marqua une légère pause avant de reprendre.

— Les mots me paraissent vides. C’est … en-dessous de la réalité.  
— A t’entendre, le terme d’épave ne s’appliquerait pas qu’au cargo.
— Je n’aime pas trop ce mot-là, mais on n’en est pas loin. A certain moment, on aurait même pu évoquer le jardinage du potager.
— … légume ?
— … C’est toi qui l'as dit.
— Je t’ai mise au courant de ce dont je pouvais te parler. Si tu vois Will et s’il veut t’en dire plus, c’est à lui de le faire.
Et toi, comment vas-tu ?  Qu’est-ce que tu deviens ?
— Je vais pour le mieux ! En couple, un enfant, assistante médicale occasionnelle, chercheuse indépendante … toujours membre du réseau Sources Ouvertes. Même si ça ne doit pas plaire à tes patrons, plaisanta-t-elle.
— Tu crois vraiment que le partage de nouvelles découvertes scientifiques, technologiques, avec des systèmes potentiellement hostiles évitera de nouveaux conflits ?
— J’ose l’espérer.  Je te prédis une alliance avec les Romuliens dans la prochaine décennie.
— …  Ce n’est pas impossible.  Nous verrons bien.
Cela me fait plaisir de pouvoir parler français, reprit-il après une courte pause et en retrouvant son sourire.
— Moi aussi, ça faisait longtemps.
— Maman anglaise, papa français, c’est bien ça ?
— Techniquement, c’est mon beau-père, mais je l’ai toujours appelé papa.  
— Et ton père biologique ?
— Le donneur de gamètes est allemand. Il s’est souvenu que j’existais quand j’avais environ dix-sept ans. Il a voulu faire connaissance, on a passé une journée ensemble. Et on a remis ça quinze ans plus tard. C’est curieux, j’avais l’impression de me rencontrer au masculin, vingt-sept ans plus âgée. J’ai compris pourquoi cela ne collait pas trop avec ma mère.  J’étais la trace vivante d’une erreur de jeunesse.
— Vous vous ressemblez ?
— Physiquement, oui. J’ai aussi hérité de mimiques, d’intonations, de certains traits de caractères. Ma manière un peu carrée de m’exprimer, parfois.  
— Je dirais plutôt que tu peux remettre les points sur les i de façon à la fois polie et tranchante, même quand tu es en face d’un capitaine de vaisseau.

Elle se mit à rire.

— Quand le capitaine de vaisseau m’attribue des décisions qui ne sont pas de mon ressort, en effet, répondit-elle, plaisamment.
— Si j’avais pu savoir à cette époque.
— Tout ça, c’est du passé. La page est tournée et j’ai pris un nouveau départ.

La conversation se prolongea un moment sur un ton badin puis ils prirent congé l’un de l’autre.  Une fois l’écran éteint, Daphné rejoignit la nurserie pour relayer l’holo-nourrice qui s’en occupait. Elle prit la petite T’ara dans ses bras et l’installa dans un coin de son bureau avec quelques jouets. Puis elle s’attabla de nouveau devant son écran.
— Ordinateur, peux-tu me dire si le Commander William Riker se trouve dans le système Ghwenrhaâdy ?
— Information confidentielle. Vous n’avez pas les codes de sé…
— Protocole alpha, zaïn 27, code Daphné Fisher, concerne B12 Tau Resh.  Si seconde confirmation nécessaire, contact Zifraôh, débita-t-elle rapidement.
— Protocole enclenché … Attente de confirmation … Accordée. Pas de seconde confirmation nécessaire. Le Commander William Riker se trouve actuellement dans votre district de résidence. Localisation C13.
— Purée, il n’a pas perdu de temps. Demande contact Gardiann Zifraôh.
— Patientez, je fais au plus vite.
— …
— Plaisirrr de réentendre le son de ta voix, fit celle de Zifraôh.
— Plaisir partagé. Tu sais pour le Commander Riker ?
— Je viens de l’apprendrrre et je m’apprrrêtais à te le communiquer quand tu as cherrcher à me joindrrrre.  Daphné Fisherrr, fille de la terrre et du devoirrrr …
—  Viens me dire tout ça dans le creux de l’oreille, plaisanta-t-elle.
— J’accourrrs comme la gazelle des hautes terrres quand elle entend le frrroissement des herbes sous la patte de la lionne affamée à l’affut.
— Tu as le sens de la formule.



Note de chapitre : Si cela n'était pas clair, nous avons fait un petit bond dans le temps et cette suite se situe après la fin de la guerre avec le Dominion et avant Némésis.


Dernière édition par Lourima le Mar 27 Juil 2021, 21:24, édité 2 fois
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Lourima
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Daphne Fisher Empty
MessageSujet: Re: Daphne Fisher   Daphne Fisher Icon_minipostJeu 01 Juil 2021, 08:40

Voici le chapitre suivant.
Un petit retour m'encouragerait wink
J'ai conscience que certains points de la trame sont cousus de fil blanc mais ce qui m'intéressait, c'était la psychologie des personnages.
Faire intervenir une espèce hermaphrodite m'a conduite à m'initier au langage inclusif.
ça ne va pas toujours de soi pour écrire ... et pour lire quand on y est pas habitué.




Chapitre trois

Tout ce que savait Riker de la personne qui l’accompagnait c’est qu’elle s’appelait Chmok. Il lui semblait que cet être était féminin mais sans être sûr. Quant à son origine, il pariait sur du sang klingon mais métissé. Restait à savoir avec quoi.

— Hum ! … Sans vouloir être indiscret ou indélicat … De quelle planète êtes-vous originaire ? se risqua-t-il à lui demander.
— D’ici ! répondit Chmok, lapidaire.
— Je voulais dire … euh … vos parents … vos grands-parents ?
—  Oh ! … pfff … des quatre coins de la galaxie.  Si je commence à vous parler de mes ancêtres, on est parti pour une bonne demi-heure. Voilà, on est arrivé.

Chmok désigna  le dispensaire d’un geste de la main. De fait Riker avait la lèvre fendue, le menton éraflé et le pantalon déchiré au niveau du genou. Il boitillait légèrement.

— Merci beaucoup, Chmok et bonne journée ! dit-il en se dirigeant vers l’entrée.

Une femme en pantalon et blouse turquoise semblait l’attendre sur le pas de la porte. Son visage ne lui était pas inconnu mais il ne parvenait pas à la remettre.

— Bonjour Commander Riker ! lui lança-t-elle
— Bonjour madame … euh … ? Nous nous sommes déjà rencontrés, mais je ne sais plus où.
— Fisher. Dr Daphné Fisher, docteur en biologie, pas en médecine.
— Ah oui ! s’exclama Riker. Vous avez voyagé à bord de l’Enterprise, il y a une petite dizaine d’années.
— Il y a huit ans. Et je me suis endormie dans le holodeck, répondit-elle avec un large sourire.
— Je m’en souviens maintenant, ça me revient.   L’anecdote circule encore.
—  … Que vous est-il arrivé ? demanda-t-elle.
— On écume l’univers et on s’étale sur une souche d’arbre ! Je me suis rétamé comme un gamin.
— Venez, on va voir ça.
— Vous êtes devenue infirmière ?
— Assistante médicale.  
— Vous devez êtes mariée maintenant ?  dit-il tout en la suivant
— En couple.
— Avec … Avec … Comment s’appelle-t-il, déjà ? … Ce Vulcain ?
— S’vek ?  Quelle idée ! Non !  s’écria-t-elle, amusée. Venez, c’est par ici.
— Vous aviez pourtant l’air vraiment fort proche de ce S’vek, poursuivit-il tout en claudiquant.
— Nous étions mû par le même intérêt scientifique, plaisanta-t-elle
— J’aurais cru qu’il y avait quelque chose de … romantique entre vous.
— Les Vulcains sont de grands romantiques, c’est bien connu ! ironisa-t-elle. Allez ! Asseyez-vous.

Elle lui désignait la table d’examen qui s’avéra fort confortable et se saisit du tricordeur médical.

— Ecchymoses, éraflures … et blessure à l’amour-propre, commenta-t-elle plaisamment.  
 
Tout en parlant, elle prodiguait les soins nécessaires à son patient.

— Il faudrait vous allonger. Le genou a encaissé un bon choc.
— Il en a vu d’autres.
— Je voudrais un examen plus approfondi.
Lol, active Fleeza 2.  
— Lol ?
— C’est le petit nom de l’ordinateur.
Riker écarquilla les yeux, surpris. Sur ces entrefaites, un hologramme grandeur nature apparut dans la pièce. C’était une Dénobulienne, très enjouée, vêtue du même uniforme médical.  

— Il faudrait que tu t’en charges, Fleeza, lui dit Daphné, en désignant le genou blessé, ça dépasse mes compétences.
— Dr Fleeza 2 à votre écoute, Commander Riker !
— Oh ! Vous avez … un …un HMU ? lança-t-il étonné, à l’adresse de Daphné.
— Non, je ne suis pas un HMU, expliqua Fleeza 2, je suis un HMA : Hologramme Médical Avancé ou Amélioré, à votre convenance.
— Je ne savais pas que Starfleet avait mis au point ce type d’hologramme.
— Starfleet n’a rien fait de ce genre, répliqua la médecienne holographique en scannant le genou de Riker.
— Je croyais que vous le saviez : je ne fais plus partie de Starfleet, j’ai démissionné, il y a quatre ans, expliqua Daphné. Fleeza 2 a été conçue à partir d’une première ébauche que Zimmerman avait mis au rebut. C’est un travail de collaboration que j’ai initié entre Etin, Nurvun et la Dr Fleeza d’origine.
— Dont j’ai hérité les connaissances et la personnalité, ajouta l’HMA.

Elle plaça une pièce métallique au-dessus de l’articulation. Le dispositif déploya deux sortes d’ailettes circulaires qui enveloppèrent le genou et l’immobilisèrent tout en diffusant sous l’épiderme des préparations médicamenteuses calmantes et régénérantes.

— Etin est un informaticien bétazoïde, qui était en déplacement quand sa planète a été envahie, continua Daphné. Nurvun est el-aurien et ingénieur. Je les ai connus lors de ma formation d’assistante médicale sur Dénobulia.
— Le processus de guérison va mettre une heure, expliqua la médecienne. Il faudra rester allongé et ne pas trop remuer pendant ce laps de temps.
— Rester tranquille pendant une heure, vous m’en demandez beaucoup, répondit Riker, … mais ce lit est très confortable.
— Ah !  Ça vous apprendra à regarder où vous mettez les pieds, taquina Daphné.
— J’étais perdu dans mes pensées, reconnut Riker.
— Avez-vous besoin d’autre chose ? Sinon je vais m’auto-éteindre et vous laisser, déclara Fleeza 2.
— À tout à l’heure, répondit Daphné.

— Est-ce que vous auriez rencontré quelqu’un qui me ressemblait ? demanda Riker après le départ de l’HMA.
— Vous êtes unique en votre genre, répondit Daphné en s’asseyant près de lui.
— Ce n’est pas tout à fait vrai. Figurez-vous que j’ai un clone. Une panne de téléporteur m’a dupliqué sans que personne ne le sache, pas même moi.  C’est comme ça qu’un beau jour en débarquant sur Nervala IV, je me suis retrouvée face à mon double.  Il attendait depuis huit ans d’être secouru. J’ai eu un choc. Je me revoyais tel que j’étais plus jeune, et passablement immature.  
— Vous avez pensé à ce que ressentais votre clone ? Seul, isolé sur une planète sans savoir si on se souvenait de vous ?
— Pas vraiment. J’étais plutôt remonté, agacé par sa personnalité qui n’avait guère évolué. Il fallait nous distinguer l’un de l’autre, il a pris mon deuxième prénom et il a été affecté sur un autre vaisseau.  
— Vous parlez comme si vous aviez plus de droit que lui à être William Riker, fit remarquer Daphné.
— Le vrai Riker est resté fidèle à Starfleet. Thomas, mon clone a déserté pour rejoindre le Maquis.
— Trahi ? lança Daphné sur un ton tranchant. Et la trahison de la Fédération, on en parle ?  La Fédération a trahi les colons en passant ce traité avec Cardassia, sans leur demander leur avis. Elle a trahi ses idéaux en ignorant le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.  Je ne fais pas mystère de ma sympathie les Maquisards même s’il ne me serait jamais venu à l’idée de les rejoindre.
— Je vois que vous êtes remonté contre Starfleet ! C’est pour ça que vous avez démissionné ? demanda Riker, pris à rebrousse-poil.
— C’est une accumulation de couacs. Le premier c’était l’incident θ 8451, Le dernier en date, la goutte qui a fait déborder le vase, c’est l’empoisonnement d’une planète par le prétendu prophète Sisko. Un crime de guerre sur lequel Starfleet a benoitement fermé les yeux. Pas même une tape sur les doigts.

Le ton était réprobateur et sans appel.

— Sur ce cas-là, je suis d’accord avec vous. Je n’approuve pas de telles méthodes. De toute façon, Sisko lui aussi a quitté Starfleet pour poursuivre sa quête mystique.
— Mystique ? Nous ne mettons pas les mêmes choses sous les mêmes mots, répliqua-t-elle.
Et votre clone, qu’est-il devenu ?
— Fait prisonnier par les Cardassiens. On a perdu sa trace durant tout un moment. Il y a à peu près un an, j’ai appris qu’il était revenu dans l’espace de la Fédération. Il a été amnistié, comme tous les Maquisards tombés aux mains de Cardassia. Avec ce qu’ils avaient subis, c’était suffisant comme punition. Thomas a fait appel à son droit à la confidentialité. Il ne veut pas qu’on sache où il se trouve.
— Je peux le comprendre, beaucoup de personnes dans son cas veulent se faire oublier. Je suppose qu’il a rompu tout lien avec votre, avec sa famille ?
— Ma mère est décédée. Je n’ai jamais eu de très bons rapports avec mon père ; comme Thomas et moi partageons le même passé … Je dois dire que je ne me préoccupais pas de savoir ce qu’il était devenu jusqu’il y a peu. Il a fait ses choix et les choix ont leurs conséquences.  Jusqu’à ce que je parle à Ro Laren …
— Je vais être honnête : je dois vous dire que Jean-Luc … que le capitaine Picard m’en a touché un mot. Il ne m’a pas parlé de votre alter-ego mais des contacts que vous aviez eus avec cette officière bajorane.
— … Ça fait froid dans le dos …
— … ?
— Ce qu’elle a raconté de ce qu’on vécu ces … les deux rescapés.
— Vous saviez que les geôles cardassiennes n’avaient rien de camp de vacances, dit-elle gentiment. Vous venez de me dire que la Fédération avait décrété une amnistie pour cette raison.
— Oui, mais le pire, c’est ce qui est venu après. Après la chute de Cardassia.
— Je suis au courant : des prisonniers qui passent de mains en mains, d’esclavagistes aux chefs auto-proclamés de milices locales, ou abandonnés à leur sort dans des no-man ’s-land, sans aucune ressource.
— La Fédération, par l’intermédiaire de Starfleet que vous n’aimez guère, a tout de même fait tout son possible pour récupérer ceux des siens qui étaient détenus par le Dominion. Mais Thomas n’était pas du lot. On avait perdu sa trace. Jusqu’à ce qu’il réapparaisse quelque part, je ne sais où.
— Vous avez peur qu’il ait pu subir de tels sévices ?
— D’après ce que m’a raconté Ro, un Thomas était à bord du cargo qui a crashé près d’ici. Les deux rapatriés ont parlé d’un homme qui s’appelait ainsi.
—  Thomas n’est pas un prénom rare, fit-elle, songeuse, ça se peut très bien qu’il y en ait eu plusieurs à s’appeler comme ça.
— Cinq exactement. Deux sont morts, un est dans une prison fédérale, un autre a été amnistié, reste mon alter-ego.
— Vous avez pensé qu’il pouvait s’agir d’un nom de guerre ? d’emprunt ? ou bien d’un autre prénom ressemblant ?
— Oui, j’ai examiné toutes ces possibilités mais après tous les recoupements possibles, faits avec l’aide précieuse de Data, j’en reviens toujours à cette idée de départ. Thomas a dû s’échouer ici. Mais personne ne semble l’avoir vu.
— Je vais vous répéter ce que j’ai dit à Jean-Luc : toute personne qui a été impliquée dans le sauvetage ou le suivi des rescapés, professionnel ou volontaire, est tenu à la plus grande discrétion. Donc, vous pourrez poser la question à qui vous voudrez, tout le monde vous répondra Non par principe.
— Même vous ?
— Moi, Fleeza, mon compagnon, li Gardiann …
— Votre compagnon ?
— Tuvar. Grand, typé vulcain mais plus sociable. Si vous êtes passé par le hangar où a été stocké l’épave, vous avez dû le croiser.
— Le Vulcain qui rit …, fit Riker en souriant.
— Oui, admit Daphné, amusée, tout le monde l’appelle comme ça.
— Il est vraiment vulcain ?
— A deux quarts ! Maman vulcano-romulienne, papa humano-vulcain.
— A propos,  Chmok ? C'est quelle hybridation? Vous connaissez Chmok ?
— Oh Chmok ! C’est un poème ! Le produit de métissages en série avec une histoire familiale douloureuse, émaillée de viols et d’expérimentations amorales. Beaucoup d’ascendance klingonne avec des apports romulien, cardassien, bajoran, peut-être même tellarite pour ne citer que ce qui me vient en mémoire.

Il y eu un moment de silence, au bout duquel Riker reprit abruptement.

— J’ai connu une espèce androgyne, les J’naii, ils se reproduisaient de façon artificielle. Je me demande bien comment font les Gwenardi ?
— Les Ghwenrhaâdên, corrigea Daphné. Il y aurait beaucoup à dire sur l’androgynie des J’naii. C’est plus complexe qu’il n’y parait au premier abord. Les Ghwenrhaâdên ne sont pas androgynes, iels sont hermaphrodites, comme les escargots.
— Et … ils font ça comme les escargots ?
— Non, les escargots font ça à deux, ils donnent et reçoivent en même temps, expliqua-t-elle sur un ton professoral. Les Ghwenrhaâdên ont des rapports successifs à trois ou à quatre. Parfois plus, jamais moins. Cellui dont les ovocytes arrivent à maturité en sollicite d’autres pour recevoir ses spermatozoïdes. Iels passent du féminin au masculin ou du masculin au féminin lors de leurs rapports intimes. Le principe est que chacan des trois ou quatre partenaires ait reçu et donné quand leurs ébats se terminent ce qui prend quatre heures au minimum. S’iel n’est pas passé par les deux phases, cela peut entraîner de graves désordres physiologiques.
— Fichtre !  Il y a de l’ambiance.
— Ne vous émoustillez pas trop vite. Ce mode de reproduction est épuisant et pas très efficace. Les Ghwenrhaâdên ont connu une chute démographique inquiétante cette dernière centaine d’années. C’est dû à la qualité de leurs spermatozoïdes qui ne survivent plus assez longtemps pour attendre que les ovocytes des autres partenaires arrivent à maturité. Mais la politique de brassage de population a l’air de porter ses fruits. Le chiffre de natalité se maintient et on espère voir s’amorcer une hausse d’ici quinze à vingt ans.
— … Moui, je vois.
Il fit une pause

— Dites, quelque chose me turlupine. Tout à l’heure vous avez dit parlé de l’incident θ 8451. Je ne vois pas très bien le rapport avec … avec, comment dire ? … qu’avez-vous à reprocher à Starfleet, dans cette affaire ?
— Vous voyez quand même de quoi je parle ? L’incident θ 8451 enregistré dans le répertoire médical ?
— Oui ! … oui, je vois : une contamination d’une officière humaine par un collègue vulcain en pon farr !
— C’est ça.
— Elle l’a un peu cherché aussi ! répondit-il avec une pointe d’agacement.
— Ah bon ? En quoi ? s’étonna Daphné.
— Il y avait d’autres solutions que de proposer au collègue de passer une nuit ensemble.
— Et lesquelles ?
— Tout simplement de mettre l’infirmier au courant.
— D’abord, ce n’était pas à elle de mettre l’infirmier au courant, énonça-t-elle avec autant de calme que de froideur. C’était le job de Starfleet, avant de les envoyer en mission. Ensuite, ce n’était pas à proprement parler un infirmier, mais un technicien formé à la va-vite à porter des soins de premiers secours.
— Vous l’avez dit : formé à la va-vite.
— Quand on envoie sept personnes dont un Vulcain travailler dans une petite station spatiale bombardée de rayons μ , donc potentiellement sujette à des pannes récurrentes, on prend ses précautions.  Les supérieurs savaient pertinemment que les moyens de transport pouvaient se retrouver hors service régulièrement pendant dix à quinze jours.
— Mais une transmission subspatiale était toujours possible, rétorqua Riker. On pouvait leur envoyer un transport médical d’urgence.
— Quatre jours après l’irruption du pon farr, il serait de toute façon arrivé en retard. Selon vous que se serait-il passé si l’officière avait expliqué en long et en large ce qu’était le pon farr à un technicien porté sur les blagues salaces et les allusions graveleuses, avec, en guise de formation, un brevet de secourisme ?
— Il aurait fini par appeler les secours.
— Vous savez qu’elle a essayé de le convaincre et même de passer elle-même la communication ?

C’était moins une question qu’une attente de confirmation.

— Oui, c’est consigné dans le rapport. Elle aurait dû …

Il laissa sa phrase en suspens.

— Je vous écoute ? l'invita-t-elle.
— Être plus explicite.
— Imaginons qu’elle l’ait été. Je vous ai dépeint la personnalité de l’infirmier de service, comme le fait le rapport. Vous savez comment sont les Vulcains quand on aborde ce sujet sensible, sur lequel ils sont particulièrement chatouilleux ? Vous imaginez la réaction qu’aurait eu un Vulcain dans cette phase s’il avait vu son secret éventé auprès d’une personne qu’il n’appréciait pas particulièrement.
— Il aurait probablement été furieux.
— Pas   probablement . CERTAINEMENT, appuya-t-elle avec gravité. Vous avez déjà vu un Vulcain perdre le contrôle de lui-même ?
— Parce que vous bien ? demanda-t-il un peu énervé.
— Ça m’est déjà arrivé, en effet, dit-elle sur un ton lapidaire.

Il y eut un blanc.

— Il y aurait eu des blessés, ajouta-t-elle. Des blessés ou un mort. Vous avez lu dans le rapport que l’intention du technicien secouriste était de sédater le Vulcain ?
— Oui, je l’ai lu, admit-il un peu énervé.
— Imaginons que ça ait eu lieu. Vous savez ce que ça signifie ? continua-t-elle, toujours aussi calme, pour le pousser dans ses retranchements.
— La mort à brève échéance… Bon, j’admets que dans l’esprit de cette officière, cela a été la moins pire des solutions qui se présentaient. Elle avait tout de même … assez d’affinités avec son collègue pour … pour envisager… ce genre de remède.
— C’est ce que le rapport d’incident stipule.  Vous en voulez une copie, pour vous le remémorer dans les détails ? demanda-t-elle, un peu sarcastique.
— Non merci, ça ira, répondit-il froidement. Les médecins qu’elle a vus par la suite n’ont pas été à la hauteur. Sur ce point on est d’accord. Mais six mois après l’arrêt de la mission et la dissolution de l’équipe, c’était difficile de faire le lien avec l’incident.  Et les symptômes qu’elle présentait ressemblaient tout de même fort à ce qu’ils ont diagnostiqués.
— Des troubles bipolaires sur lesquels la médication la plus adaptée n’avaient aucun effet. Et, même après l’avoir constaté, les deux psychiatres consultés n’ont pas remis leur diagnostic en question. Ils ont alors parlé de « troubles bipolaires atypiques ».
— Dans l’état de confusion dans lequel elle se trouvait pendant ses crises, c’est peut-être compréhensible qu’ils aient relativisé …  quand elle leur a raconté cette histoire.
— Elle n’était pas seulement suivie pendant ses crises. Elle a maintenu sa version pendant les phases de rémission. Vous trouvez normal que la question d’une contamination inter-espèce n’ait jamais été envisagée ?
—  … Non. On aurait dû au moins envisager et vérifier cette hypothèse, admit-il.  D’un autre côté, on peut parfois prendre de bonne foi des fantasmes pour des réalités et penser que ce qu’on s’est imaginé dans une période de confusion est la réalité. C’est ce qu’ont dû penser les deux psys qu’elle a consultés.
— Le premier ayant été remercié par la patiente, la seconde s’est contentée de lire les conclusions du premier sans prendre la peine de tout reprendre depuis le début.
— Là, je dois bien admettre que c’est une faute professionnelle. D’après ce que j’en sais, la personne ne se trouvait sur une planète où le personnel médical disponible n’était pas à la pointe de ce qui se fait dans le domaine.
— Effectivement. Est-ce que vous vous poser la question de la formation des praticiens engagés par Starfleet ? Engager des humains pour soigner des humains, des Vulcains pour soigner des Vulcains, des Andoriens pour des Andoriens, etc.  et ne pas voir plus loin que le bout de son nez.
— A bord des vaisseaux où j’ai servi, j’ai toujours eu à faire à du personnel compétent.
— Je m’en réjouis pour vous et pour l’ équipage, répondit-elle avec une pointe d’ironie.
—  Elle s’est remise de ses crises, l’incident a été acté et Starfleet a en a tiré la leçon qu’il convenait, rétorqua-t-il.

Il y eut à nouveau un blanc. Daphné le fixait et il pouvait lire dans son regard qu’elle n’était pas très contente.

— Qu’est-ce qui vous chiffonne ? finit-il par demander.
— Vous venez de sauter à pieds joints sur ce qui s’est passé entre les deux. Entre l’incompétence des deux psys et la guérison de la patiente.  
— …  Elle a continué à dépérir,  puis elle a été voir du côté vulcain  … elle n’a pas rencontré des Vulcains ? … C’est ça ?
— C’est ça. Vous avez juste omis un petit détail. Elle avait déjà essayé de le faire via la voie hiérarchique et ses supérieurs, sur le conseil des deux psys, avaient fait en sorte que ça n’aboutissent pas.
Malgré cela, elle a persévéré dans sa démarche et elle est entrée en contact avec des personnalités vulcaines à qui elle a pu raconter ce qui s’était passé.
Le reste, je vous laisse le soin de l’exposer.
Si ça ne vous revient pas en mémoire, je vous donne ça sur une tablette.
—   … Thérapie par fusion mentale, répondit laconiquement Riker.  L’Académie des Sciences vulcaine a eu vent de l’histoire, c’est revenu aux oreilles du Haut Commandement qui a fait parvenir ses protestations à Starfleet. Certains Amiraux se sont fait taper sur les doigts, parce qu’ils avaient mis en danger, par leur négligence et leur manque de prévoyance et le Vulcain et l’humaine par voie de conséquence.
— Quod erat demonstrandum.
— Toute organisation commet des erreurs, temporisa-t-il.   L’incident a eu lieu avant la guerre et la base des données a été mise à jour. Je ne comprends pas pourquoi vous déterrez cette vieille histoire
—  Vraiment ? Tant pis ! Je vous ai dit que c’était le premier point d’une longue liste. On ne peut pas toujours être d’accord sur tout !
—  Eh bien là, je suis d’accord : si tout le monde avait toujours la même opinion, on s’ennuierait.

Daphné étira un sourire poli.

— J’admets que certains supérieurs hiérarchiques peuvent être un peu butés et qu’ils travaillent comme des fonctionnaires, ajouta Will. Et que ça peut nuire à l’équipage. Mais n’en faites pas non plus une généralité.
— Vous avez de la chance d’être sous les ordres du capitaine Picard.
— Oui, c’est vrai.  

C’est le moment que choisit Zifraôh pour débarquer dans la pièce.

— Bon soleil et séjour ombrrraâgé, Commanderrrr Rrrrriker ! La mauvaise nouvelle de votrrre petit accident est arrrrivée à ma connaissance et je suis passé vous saluer. Etes-vous bien soigné ? Avez-vous tout ce qu’il vous faut ?
— Bonjour Gardiann de la Cité! Comme vous le voyez, je profite honteusement de la situation pour tester la mollesse de vos couches d’infirmerie et faire une courte sieste.
— Je vais trahir le secret médical : c’est juste quelques petits bobos, ajouta Daphné.
— Qui me tiennent allongé pendant une heure, renchérit Riker.
— Plus que trois-quarts d’heure de torture et vous pourrez gambader comme un cabri, répondit Daphné.
— Je ne me plains pas…
— Vraiment ? Vous êtes magnanime après la manière dont je viens de vous asticoter, plaisanta-t-elle.
— Eh bien …J’admire vos installations … Elles n’ont rien à envier aux nôtres, en fait
— C’est vrrrai ! Nous sommes trrrrès bien équipés, approuva li Gardiann. Depuis que l’estimée Docteurrre Fisherrr est venue s’installer ici avec son nouveau prrrogrrramme, les habitants de Khwôrhn-Adyr peuvent se fairrrre dirrrectement soignés ici. Ils ne doivent plus se rrrendrre à Khwôrhn.
— Sauf complications ! rectifia Daphné.
— Ça n’est pas arrrrivé souvent ! Une fois ?  De toute faççççon, Fleeza collaborrre trrrès bien avec Tilov. L’estimé Drrrr Tilov.
— Tilov est andorien, explicita Daphné. Et le caractère qui va avec. Mais c’est un excellent médecin.
— L’estimé Dr Tilov ne prend pas ombrage d’être concurrencé par un hologramme ? ironisa Riker.
— Concurrrencé ?  Non, il n’y a pas de concurrrence ! Il est soulagé parrrce qu’il a moins de trrravail.

Cela fit sourire Riker.

— Et puis Fleeza n’est pas un simple hologrrrramme, c’est un prrrogrrrramme, trrrès au point.  D’aprrès nos scientifiques Fleeza est plus perrrforrmante, sans vouloirrr vous frrroisser, que l’oeuvrrrre du Drrrr Zimmerrrrman.
— Le Commander Riker ne sera pas froissé pour si peu, taquina Daphné.
— Juste un peu jaloux, répondit-il.
—  Zimmerman a fondé son travail sur sa personne. Nous avons travaillé en Sources Ouvertes avec des apports venant …. de secteurs inattendus, expliqua-t-elle
— En pleine guerre ?  Par delà les lignes …
—  Les sbires de votre boutique ont passé notre travail à la loupe pour être certain que des renseignements trop sensibles ne traversaient pas les lignes des factions en guerre, le rassura Daphné. Il y a des petits systèmes perdus dans tous les coins de la galaxie qui ne sont pas membres de la Fédération et qui ont apporté leur pierre à l’édifice. Fleeza est toujours en cours d’amélioration. Mais je ne fais pas tout toute seule. Je ne suis pas informaticienne, ni ingénieure, ni même médecienne. Tout est contrôlé et … les Ghwenrhaâdên sont là pour marquer leur approbation ou leur désapprobation.
— Désapprrrobation ? cela n’arrrrive pas souvent.
— Bien … bien … Dites-moi, Gardiann, demanda Riker, abruptement, avez-vous déjà rencontré quelqu’un qui me ressemble ?
— Commanderrrr Rrrrikerrr ! Vous êtes unique en votrre genrre !
— C’est ce que je lui ai répondu, intervint Daphné.
— On dirait que vous vous êtes passé le mot, constata Riker, dépité.
— Je sais … je sais à quoi vous pensez … Le trrravail d’un Garrrdien c’est de savoirrr beaucoup de choôses !
— Vous savez que je pose des questions à propos des naufragés du cargo VR 217 et que je cherche mon clone ?
— Bien sûûûr … Ecoutez … je cherrrche la solution la plus équitable et la plus … prrrévenante … la plus … humaine ! Votrrre quête est légitime … le désirrr de Thomas Rikerrrr à la trrranquilité est légitime … Alorrrs … comment êtrrre juste ? … Daphné, fille de la terrre, as-tu une idée ?
— Comme ça … non … mais … te connaissant ! … Ne vous fiez pas à san air de poupée, Commander Riker. Les Ghwenrhaâdên sont redoutables d’efficacité. D’ailleurs, je ne vois pas en quel domaine, iels ne sont pas redoutables.
— Oooh ! Tu vas lui fairrre peurr.

Une mèche de cheveux se posa sur le bras de William qui la regarda en écarquillant les yeux.

— C’est … une marque de sympathie, expliqua Daphné.
— Je ne voulais pas vous mettrrrre mal à l’aise ! roucoula Zifraôh en ramenant les cheveux vers ellui. Juste vous rrréconforrter. Donc … comment allons-nous prrocéder ?
— Rédiger un formulaire de contact ? suggéra Daphné.
— Tu vois ? … Tu as aussi de trrrès bonnes idées !
— En quoi cela consiste-t-il ? s’enquit Riker.
— Vous rrrédigez un message pourrrr … Thomas . Vous l’adrrressez au Garrrdien en lui demandant de le fairrrre parrrrvenir à l’avocax de Thomas Rrrriker.

— Un avocat ? Mais il n’est pas sous le coup d’une accusation !
— Chaque rrréfugié a un avocax. Celaâ facilite les démarrrches. Ssi Thomas Rrrriker se trrrouve ici, le messaâge lui serrra remis. Et s’il se trrrouve ailleurrrrs, le message serrraâ trrransmis à la Fédérrration qui le transmettrrrrra à tous les systèmes adhérrrrents. Dans tous les caâs, vous aurrrrrez une rrrréponse. Même si c’est « Thomas vous rrrremerrrcie d’avoirrrr pris de ses nouvelles, mais il ne désirrrre pas en contaâct avec vous. » Il ssaurrra au moins que vous le cherrcher, que vous vous ssouciez de lui.

La conversation se poursuivit sur un ton plus léger. Une fois son genou rétabli, Riker lança la procédure suggérée, puis il rejoignit l’Enterprise. Il venait de partir quand Tuvar rejoignit sa compagne.  Il était un peu plus grand que Riker, il avait les cheveux longs, noir jais, coiffés en arrière. Il avait depuis longtemps abandonné la coutume de porter une frange coupée court.

— Alors ? Starfleet est parti ? dit-il en passant la tête dans la salle du dispensaire.
— Riker ! le reprit Daphné. Il s’appelle William Riker.
— Je suppose qu’il t’a bombardée de questions dit-il en la prenant dans ses bras.
— Bombardée, le mot est un peu fort. Il s’est pété le genou à terre, je ne sais pas s’il l’a fait exprès, mais bon … il avait un prétexte ou une raison pour passer par ici.  Ne me dis pas que tu t’es caché jusqu’à présent pour ne pas le croiser ?
— Ce n’est pas un petit moustique dans son genre qui me fait peur, répondit Tuvar en riant. Mais une séance d’interrogatoire m’a suffi.
— Il t’a surnommé « le Vulcain qui rit ».
— Tiens ! On ne m’a jamais fait le coup ! ironisa-t-il. Pourquoi le Vulcain et jamais le Romulien ?  
— Parce que les Romuliens sont petits et méchants … , le taquina-t-elle.

Il lui jeta un regard réprobateur.

— … dans la tête des gens, ajouta-t-elle.
— Viens, on va manger. J’ai une faim de loup. Qu’est-ce qui te tracasse ? Je vois bien que tu as une ride qui te barre sur le front.
— On ne peut rien te cacher ! Le sujet Starfleet et Fédération est venu sur le tapis quand j’étais seule avec Numéro Un. Evidemment, on ne partage pas le même avis. Je le trouve très dur, fort dans le jugement et ça me prend à rebrousse-poil. Si jamais …
— Ne te fais pas du souci pour des choses qui ne sont pas encore, conseilla-t-il.


Dernière édition par Lourima le Mer 28 Juil 2021, 20:00, édité 4 fois
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MessageSujet: Re: Daphne Fisher   Daphne Fisher Icon_minipostSam 03 Juil 2021, 14:20

Stop ou encore ?
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MessageSujet: Re: Daphne Fisher   Daphne Fisher Icon_minipostDim 04 Juil 2021, 12:20

Je te répond demain, aujourd'hui je suis encore sur la maintenance mensuel de Saga
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MessageSujet: Re: Daphne Fisher   Daphne Fisher Icon_minipostJeu 08 Juil 2021, 08:05

pour moi, c'est encore...
ça me rappelle qu'il me faut réveiller le docteur Brun Smile

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on ne me résiste pas...  
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MessageSujet: Re: Daphne Fisher   Daphne Fisher Icon_minipostJeu 08 Juil 2021, 10:37

Alors ... Chat pître quatre ! le_boulet




Riker était monté à bord, au grand étonnement de Picard qui s’attendait à le voir s’attarder davantage sur Frhôh. Il l’accueillit dans son bureau.

— Venez Will ! Asseyez-vous. Un verre de bourbon ?
— Volontiers.
— Où en êtes-vous dans vos recherches ?
— Tout le monde me ment en me regardant dans le blanc des yeux et on ne s’en cache pas. Surtout pas Fisher : même si je le sais, je le nierai. Elle n’a pas tourné autour du pot.
— Vous avez rencontré Daphné ? fit Picard en souriant.
— Je ne savais pas que vous aviez des amis dans le Maquis, ironisa Riker.
— Daphné est une simple connaissance. Elle n’a jamais pris les armes ni rejoint le Maquis. Elle ne cache pas ses sympathies, c’est tout. C’est quelqu’un d’une grande rectitude. Il ne faut pas vous étonner qu’elle soit très à cheval sur le secret professionnel.
— Oui, en effet, soupira Will, amer.  Elle a quand même trouvé un pis-aller, une sorte de bouteille à la mer … elle m’a fait envoyer un message à l’administration de la planète qui fera suivre à Thomas s’il s’y trouve, ou à l’ensemble des planètes membres, s’il se trouve ailleurs.  Mais peut-être que tout ça est de la poudre aux yeux. Fisher est tellement remontée contre Starfleet …
— Je vous arrête tout de suite, interrompit sévèrement Picard. La Docteur Fisher est remontée contre Starfleet, comme vous dites, mais pas au point de vous poignarder dans le dos.  Je vous ai dit que c’est quelqu’un d’une grande rectitude. Elle ne mérite pas votre mésestime, Will. Quand elle était encore en service, elle a risqué sa vie pour sauver un collègue. Vous saviez qu’elle s’est embarquée en pleine guerre à bord d’un vieux coucou brinquebalant pour contacter les Organiens et leur demander de mettre fin au conflit ?
— … Non. On ne peut pas dire que ça ait réussi.
— C’était un pari risqué et elle l’a tenté. Tout ce que vous pouvez lui reprocher c’est de tenir à ses idéaux.
— Des idéaux un peu trop élevés pour être réalistes. Elle prend certaines choses trop à cœur.
— L’auto-détermination des peuples ?
— Elle m’a fait tout un plat avec une vieille histoire qui s’est passée avant la guerre.
— Quoi donc ?
— L’incident θ 8451.

Picard avala de travers et se mit à tousser.

— Will ! s’exclama-t-il.
— Oui ?
— Qu’est-ce qu’elle vous en a dit au juste ?
— Rien que je ne savais déjà : une bonne femme contaminée au pon farr … les Vulcains qui l’ont pris de travers.
— … Ecoutez … je pense que vous avez vraiment besoin de repos. Alors … interdiction de faire quoique ce soit qui ait un rapport avec le travail dans les dix jours qui viennent et … et obligation de marcher au moins une heure par jour.
— A vos ordres, capitaine ! répondit Will, surpris par cette répartie.
— Et je vous ordonne de vous renseigner sur les endroits et de randonnée dans le système Ghwenrhaâdê. Pas question d’aller faire vos balades dans le holodeck.
— Entendu ! J’irai prendre l’air sur une des planètes … puisque vous y tenez.
— J’y tiens vraiment.

Une heure plus tard, Riker désoeuvré alla faire un tour à l’Abordage.

— Qu’est-ce que je vous sers, Commander, demanda Guinan.
— … Pfff … un Daisy !

Il s’accouda au comptoir et jeta un coup d’œil à la salle. Puis, subitement, il changea de visage.

— Imbécile ! s’écria-t-il.
— Pardon, Commander ? s’étonna Guinan
— Je ne suis qu’un sombre imbécile !  Comment est-ce que je n’ai pas compris tout de suite ?
— Compris quoi ?
— L’incident θ 8451. C’était Fisher. Espèce d’idiot ! Ça s’est passé là, sous mes yeux … Est-ce possible d’être bouché à ce point ?
— Vous parlez de Daphné Fisher, n’est-ce pas ? …  Je dois dire qu’à l’époque personne ne voyait ce qui crevait les yeux.
— Vous saviez ?
— Je m’en doutais et j’aurais fini par intervenir si la délégation vulcaine n’avait pas embarqué à bord.

Huit ans plus tôt

La Docteure Fisher se matérialisa dans le téléporteur. William Riker avait été chargée de l’accueillir. Elle était très mince et paraissait lasse. Les yeux cernés, les joues creuses, les cheveux ternes, elle  était éteinte. Elle ne portait pas l’uniforme ; Riker en ignorait le pourquoi.

— Bienvenue à bord, Docteure Fisher ! la salua-t-il.
— Merci, Commander. Serait-il possible de voir le médecin de bord ? J’ai quelque chose à lui communiquer.
— Des choses à dire à votre collègue ?
— Je suis docteure en biologie, pas en médecine, répondit-elle à mi-voix.
— Désolé.
— Ce n’est rien, ce genre de confusion est fréquente, dit-elle en s’efforçant de sourire.
— Je vous conduis à vos quartiers et je transmets votre demande au Dr Crusher.  
— Il faudra que je salue le … le … le capitaine, balbutia-t-elle en cherchant ses mots.

Cette rencontre eut lieu un peu plus tard, lors du dîner à l’Abordage.

— Ah ! Dr Fisher ! Je suis heureux de faire votre connaissance, la salua Picard.
Moi, de même, capitaine.
— Oh ! Vous êtes française ?
— Maman anglaise, papa français.  
— Je n’ai pas souvent l’occasion de parler français.  Vous êtes bien installée ?
— Parfaitement, je vous remercie.

Au cours du repas, la Docteure Fisher demanda s’il lui serait possible d’utiliser le holodeck et comment elle devait faire pour réserver un créneau horaire. La réponse tombait sous le sens : il fallait tout simplement à l’ordinateur. Elle posa deux ou trois questions de ce genre, dont la réponse était pourtant évidente et elle devenait confuse, nerveuse quand elle s’en rendait compte. Bien entendu, les convives l’excusèrent avec civilité en avançant que les préparatifs du voyage avaient dû la fatiguer. Elle se retira d’ailleurs assez tôt pour aller se reposer.

—  Difficile à croire qu’elle est bardée de diplômes. Elle est complètement à l’ouest, glissa William à l’oreille Deanna, une fois que l’intéressée eut vidé les lieux.
—  Crois-moi, elle en est profondément humiliée, expliqua-t-elle à voix basse. Elle est submergée par des émotions, des sentiments contradictoires qui varient d’un instant à l’autre. Elle essaie de les maîtriser et ça l’épuise. Elle perd pied. Elle ne va vraiment pas bien.

William regarda Deanna, étonné.

— Tu pourrais peut-être lui proposer ton aide, dit-il.
—  On va d’abord la laisser se reposer.


Les jours qui suivirent, on la vit à peine. Elle prenait la plupart de ses repas dans sa cabine. Parfois, elle faisait un petit tour à l’Abordage pour échanger quelques phrases en français, avec Picard. On savait qu’elle se rendait au holodeck quotidiennement, mais jamais plus de trois quarts d’heure. Du moins jusqu’au cinquième jour.  Une enseigne vint prévenir Geordi que le holodeck était occupé depuis près de trois heures et qu’elle n’avait aucun moyen de joindre la Dr Fisher. Elle ne répondait à aucun appel, ni par son combadge, ni par le réseau de communication de l’Enterprise. L’enseigne avait fini par entrer le holodeck où elle avait trouvé la Dr Fisher allongée, les yeux fermés avec trois moines vulcains holographiques à ses côtés.

— Apparemment, elle dort, expliqua l’enseigne Ramirez. Mais ils ne veulent pas qu’on la réveille. Je n’ai pas pu l’approcher. J’ai essayé d’éteindre le programme mais il a enclenché une sécurité et je n’y parviens pas.

Geordi porta la main à son combadge.

— M.Data ? on a un souci avec un holodeck. Pourriez-vous rejoindre l’enseigne Ramirez sur le pont 12 ?
— J’y vais ! répondit immédiatement Data.
— Ingénieurie à l’infirmerie, reprit Geordi. Dr Crusher ? Fisher a peut-être perdu connaissance dans le holodeck, vous voulez bien rejoindre Data au pont 12 ?

M. Data fut le premier sur les lieux. Il trouva les choses comme Ramirez les avait expliquées : Fisher dormait sur une couchette, flanquée de trois moines vulcains qui refusaient qu’on l’approche. Quand la Dr Crusher le rejoignit il essayait en vain d’éteindre le programme.

— Ordinateur, arrêt du programme holographique.
Arrêt impossible.
— Pourquoi ?
Les données biométriques encodées indiquent que l’arrêt du programme nuirait à la santé du principal occupant.
— Pourquoi ? s’entêtait Data.
Réveiller Daphné Fisher entraverait gravement un processus physiologique de la plus haute importance.

Data se tourna vers Beverly et lui adressa un regard interrogatif.

— Je vais allez voir ce qui se passe, dit-elle en brandissant son tricordeur médical.

Elle mit en avant sa qualité de médecienne pour pourvoir s’approcher un peu plus de sa patiente qui, effectivement, dormait d’un sommeil profond. Les moines holographiques la surveillaient de près et tenait Data à distance.

— Elle est épuisée, chuchota Beverly.
— L’extinction du programme ne va pas entrainer de chute, objecta M.Data. La couchette qui est en dessous d’elle s’abaissera doucement et elle se retrouvera sur le sol. Je ne comprends pas pourquoi le programme ne veut pas s’éteindre.
— Le changement de position risque de la réveiller, expliqua le moine. Le cycle de sommeil doit impérativement suivre son cours naturel.

Data hocha la tête.

— On va la téléporter dans sa cabine, proposa-t-il.
— Elle ne doit pas toucher le sol, objecta l’hologramme.
— Dans ce cas, je vais la porter. Aidez-moi à la prendre doucement, je la déposerai moi-même sur son lit.

L’histoire de la voyageuse endormie, du programme qui refusait de s’éteindre et de Data emportant la Belle au Bois dormant dans ses bras fit les gorges chaudes de l’équipage.  Beverly n’était pas aussi encline à rire.

— Quand j’ai dit qu’elle était épuisée, ce n’était pas une figure de style, répliqua-t-elle à Riker en train de pouffer. Elle ne porte pas l’uniforme parce qu’elle est officiellement en congé.

Elle ne voulut pas en dire davantage. Fisher fit le tour de l’horloge comme on dit familièrement.  Elle s’éveilla, un peu vaseuse, étonnée de se retrouver sur son lit et fort embarrassée quand Beverly lui apprit de l’incident du holodeck. Elle se força à sortir de ses quartiers pour se rendre à l’Abordage.  Elle arborait un patch synthétiseur médical sur le bras.

—  Vous allez mieux ? lui demanda Riker, quand il la croisa.
— Ça va, je suis reposée et j’ai les idées un peu plus claires.  
— Ah ben tant mieux ! Je peux vous offrir un verre ?
— Merci.
— Qu’est-ce que vous prendrez ?
— Un jus de fruit. Pas d’alcool. Pas trop sucré et pas trop acidulé non plus.
— Guinan ? …  Vous pouvez nous faire ça ?
— Bien sûr ! Et pour vous, Commander ?
— Une Margarita.
— Vous pouvez me rappeler quels sont les membres vulcains de l’équipage ? demanda Fisher.
— Oui, mais vous pouvez demander le renseignement à l’ordinateur, vous aurez toujours la liste à votre disposition. Vous ne vous rappelez pas ?
— Oh c’est vrai, j’ai déjà posé plusieurs fois la question. Je radote.
— Pas tout à fait réveillée, à ce que je vois.
— Voilà votre jus de fruit, avec une bonne dose de vitamines, dit Guinan en la servant. C’est dommage que la Dr Selar soit en permission pour le moment, continua-t-elle. Je pense que vous auriez eu des conversations intéressantes avec elle.
— L’Enterprise va chercher une délégation diplomatique vulcaine dans quelques jours. L’Ambassadeur Saros, déclara Riker
— Son excellence Saros ? s’exclama Fisher.
— Vous le connaissez ?
— J’ai déjà eu l’occasion de le rencontrer.
— Vous n’aurez pas beaucoup le temps de lui faire la causette, il est en mission et son programme est chargé. Excusez-moi, je dois aller dire quelque chose à Geordi, dit-il alors que ce dernier venait de faire son apparition.
— Je vous en prie ! Merci pour le verre.
— Y a pas de quoi !

Epoque du récit

A peine Tuvar et Daphné avaient-ils rejoint leurs appartements, qu’un appel s’afficha sur l’écran de l’ordinateur. Tuvar le prit mais appela Daphné tout aussitôt.

— Dada, c’est Aznîyr, pour toi.

Aznîyr était an psy ghwenrhaâdê, une vieille connaissance.

— Je ne te dérrrrange pas ? demanda-t-iel.
— Non, ça va. Je peux prendre la communication si elle ne se prolonge pas.
— Alorrrrs, je vais drrroit au but. B12 Τר (Tau Rrrresh) veut discuter avec vous.
— Vous ? Tuvar et moi ? Fleeza et moi ? Tous les trois ?
— Tous les trrrrrois et je serai dans les parrrrages. Quand êtes-vous librrrres ?
— Demain matin ? … Un instant ! … Tuvar, tu peux te libérer demain matin ?
— Oui, sans problème.  
— Eh bien voilà, estimée conadelphe, si cela vous convient, nous pourrons-nous voir demain à la deuxième heure du jour.
— Cela nous agrrrée ! Que la soirrrrée te soit agrrréable et que le rrrrepos te soit rrréparrrateur.
— Paix et harmonie sur ta communauté et nombreuse descendance.

L’écran s’éteignit.

— Qu’est-ce qu’ils ont tous à faire des salamalecs en ce moment ? ronchonna Tuvar en programmant le synthétiseur.
— C’est une manière d’évacuer la nervosité, répondit Daphné en dressant la table.

Tuvar prit T’ara dans ses bras et l’installa dans un siège adapté à sa taille.

— Compte surrrr moi pourrr te prrrocurrrrer un sommeil agrrréable et t’aider à évacuer ta nerrrrvosité, fit-il en imitant l’accent ghwenrhaâdê.

Daphné éclata de rire.

A bord de l’Enterprise, Riker, toujours accoudé au comptoir de l’Abordage, fixait, pensif, l’endroit où deux enseignes papotaient de manière détendue. C’est à cet endroit précis qu’un incident notable avait frappé les esprits, huit ans auparavant.  Et il se tenait aujourd’hui à peu près au même endroit où il avait observé la scène.

Flash-back

L’Ambassadeur Saros échangeait des civilités avec une Docteure Fisher toujours aussi éteinte, quand le capitaine Picard vint chercher le diplomate pour le présenter à un représentant algolien.  Le regard de Fisher changea instantanément ; son visage exprimait un mélange de colère, de déception et de désespoir.  Elle fit demi-tour et se dirigea vers l’une des sorties. Elle se garda de faire un détour quand sa trajectoire croisa l’attaché d’Ambassade, M. Vanik. Elle le percuta — sciemment de toute évidence— le saisit à l’avant- bras un bref instant avant de reprendre sa route.  Riker, interdit, vit Vanik sursauter et la suivre quelques secondes du regard avant de rejoindre l’Ambassadeur à grandes enjambées. Il le prit à part, ils échangèrent quelques mots à voix basse au creux de l’oreille, puis Vanik quitta l’Abordage.

— Vous avez vu ce qui vient de se passer, capitaine ? demanda discrètement Riker.
— Vous parlez de Fisher, je suppose ? Je vais aller lui rappeler les règles élémentaires du savoir-vivre. On ne touche pas un Vulcain, surtout pas par surprise, elle devrait le savoir. Occupez-vous de nos invités, je ne serai pas long.

Picard afficha un sourire de circonstance, tira sur sa veste pour la réajuster et s’absenta. Il revint moins de dix minutes plus tard, l’air pensif. Riker l’interrogea du regard. Picard se rapprocha de son second pour lui faire discrètement ses confidences.

— Quand je suis arrivé dans sa cabine, M. Vanik était auprès d’elle. Elle était assise dans un fauteuil,   complètement effondrée et il lui tenait le poignet. Je n’ai pas eu le temps d’ouvrir la bouche. « La Dr Fisher a sollicité notre aide et je suis là pour la lui apporter ». L’Ambassadeur Saros m’avait suivi sans que je m’en rende compte. Je me suis fait éconduire. « Si vous voulez bien nous laisser, capitaine, c’est assez urgent ». J’avoue n’y rien comprendre.
— En effet, c’est assez curieux. Qu’est-ce qui pourrait bien passer avant leur mission ?

L’Ambassadeur Saros revint à l’Abordage à ce moment, il se rendit droit vers son dernier interlocuteur pour reprendre la conversation comme si de rien était, laissant Picard et Riker interloqués.  Vers fin de la soirée, Saros s’approcha de Picard pour lui demander :

— Savez-vous de quoi souffre la Dr Fisher ?
— D’après la Dr Crusher, elle est épuisée. Vous me voyez vraiment désolé pour l’incident de tout à l’heure. J’aurais voulu expliquer à la Dr Fisher que son geste était totalement déplacé et …
— Non, coupa immédiatement Saros. Son geste n’avait absolument rien de déplacé. C’était la meilleure chose qu’elle avait à faire.

Il se retira sans donner plus d’explication, laissant les deux officiers perplexes. Les jours suivants, M.Vanik se rendit à plusieurs reprises dans la cabine de Fisher, malgré l’horaire chargé de la délégation. On commença à voir plus souvent la jeune scientifique. Elle avait retrouvé le sourire et sa voix avait des intonations plus colorées. Les diplomates vulcains l’invitèrent une fois ou l’autre à leur table. Quand la délégation quitta l’Enterprise, Fisher était devenue une tout autre personne, sûre d’elle, pleine d’à-propos, affable mais réservée. Deanna ne manqua pas de le souligner : elle avait retrouvé son équilibre.

Deux jours après le départ de la délégation vulcaine, Picard reçut l’ordre de l’amirauté de changer de cap. On l’envoya chercher le lieutenant S’vek, un bio-ingénieur vulcain, sur une station éloignée pour le ramener, avec la Dr Fisher, sur Gallam. C’était un fameux détour dont personne ne comprenait l’opportunité. Il aurait été plus simple de déposer d’abord Fisher et d’aller chercher S’vek ensuite. Mais les ordres de l’Amirauté étaient aussi bizarres qu’impérieux. Pas d’explication et pas de contestation possible.  

La première chose que fit S’vek en débarquant sur l’Enterprise fut de demander à voir Fisher, une ancienne collaboratrice, admit-il, quand on le pressa de questions. Il la rejoignit à l’Abordage et lui parla à voix basse en ponctuant son laïus de petites inclinaisons de la tête.

— On dirait qu’il a quelque chose à se faire pardonner, fit remarquer Picard.

Elle devait avoir passé rapidement l’éponge parce que les deux scientifiques se montrèrent inséparables les dix jours qui suivirent. Il n’était pas là depuis plus de trois jours que des bruits coururent sur leur relation. Ils se rendaient souvent l’un chez l’autre et les sons qui émanaient de leur cabine laissaient entendre qu’ils passaient ensemble des moments fort agréables.

Cela agaçait fortement le capitaine Picard. Il ne cacha pas son intention de rappeler à sa passagère qu’on ne pouvait pas user de passe-droit pour détourner un vaisseau d’exploration à des fins de croisière de plaisance. Mal lui en prit.

— Elle m’a demandé de qui j’avais reçu l’ordre de faire un détour pour aller chercher S’vek, confia-t-il à son second, un brin agacé. Et comme j’ai bien dû admettre que c’était de l’Amirauté, elle m’a répondu qu’elle n’était pas l’Amirauté, qu’elle était soumise aux mêmes ordres que moi et que c’est à eux que je devais d’adresser mes réclamations… Et tout ça sans se démonter et avec un sourire poli.  Mais vous ne savez pas tout …  l’Amiral Nakamura vient de me demander à l’instant de loger S’vek et Fisher dans les quartiers réservés aux diplomates. Par souci de discrétion. Officiellement, ils mènent à bien un projet scientifique.  
— Je me fais une petite idée de la branche de la science que cela concerne, commenta Riker.
— Et j’ai été prié instamment de faire taire toute à l’allusion graveleuse quant à la nature de leur relation, répondit Picard dépité.

Epoque du récit


Affalé dans un fauteuil des quartiers de Deanna Troy, Riker ruminait son impair. Il avait exhumé le rapport de l’incident θ 8451 et lisait à haute voix.

— … l’officier était dans un état de stress avancé et transpirait abondamment. Il accepta la proposition de sa collègue et la fit entrer dans sa cabine.  Il la toucha à la figure créant un bref contact télépathique. Un déferlement de pensées désordonnées et violentes submergea son psychisme alors qu’elle s’y attendait le moins.

Et moi, comme un imbécile, je lui ai dit qu’elle l’avait bien cherché.  Elle m’a proposé de relire le rapport et au lieu de le faire …
— Tu avais autre chose en tête, tempéra Deanna. Il est trop tard aujourd’hui pour lui présenter tes excuses. Tu feras ça demain à la première heure.
— Elle doit m’en vouloir.
— … Non … je ne le pense pas.  D’après ce que je souviens d’elle … enfin, de ce qu’elle est redevenue après le passage des Vulcains, c’est quelqu’un de posé.
— Et qui sait ce qu’elle veut, se morfondit-il.

Le signal sonore de la porte retentit et Deanna laissa entrer le visiteur. Picard venait les rejoindre.

— Je suis content de vous trouver ici, Will. Je viens de passer à l’Abordage et j’ai eu une petite conversation avec Guinan. Alors ? … Vous avez compris ?
— Un peu tard, oui ! Et même trop tard.  Je n’ai pas été très correct avec Fisher. J’ai pris ça par-dessus la jambe et je lui ai dit des choses que je regrette.
— Vous irez vous en excuser demain, répondit Picard, avec compréhension.
— Si elle veut bien me recevoir.
— Il n’y a pas de raison qu’elle vous éconduise, l’assura-t-il.
— Capitaine, si je puis me permettre, quand avez-vous su ? demanda Deanna.
— Le jour où elle est partie. Elle m’a remis son rapport, j’en ai eu la primeur.  Je vous avoue que j’étais très embarrassé, justement à cause des réflexions que j’avais pu lui faire. Mais ça ne l’a pas dérangée plus que ça.
—  Et S’vek ? demanda Will.  Vous avez une idée de la raison pour laquelle on a dû le prendre à bord, séance tenante.
— Les Vulcains ont tenu à ce qu’il répare lui-même ses erreurs d’appréciation. Il est hautement illogique d’attendre d’une humaine qu’elle réagisse comme une vulcaine, puisque leurs systèmes nerveux et endocriniens sont sensiblement différents. S’vek a déduit qu’elle était arrivée au terme de cette phase parce que lui était arrivé au terme. Il ne s’est pas posé plus de questions que ça. Il ne s’est pas inquiété des conséquences que cela pouvait avoir sur une espèce différente. L’Académie vulcaine des Sciences par l’entremise du Haut Commandement a voulu lui donner une bonne leçon. Starfleet n’a pas eu d’autres choix que de s’incliner et de s’excuser.


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MessageSujet: Re: Daphne Fisher   Daphne Fisher Icon_minipostSam 10 Juil 2021, 10:47

Voilà je viens de terminer le chapitre deux, beaucoup d'informations à assimiler mais cela va.
J'ai une culture moyenne et j'ai du googeliser plusieurs fois pour la définition de mots peu usités, l'ennuie avec ce genre de mots c'est que cela provoque deux choses. 1) Le lecteur ne s'y intéresse pas et passe. 2) Il arrête sa lecture googeliser ou dictionnariser pour les plus anciens et est donc obligé à d'interrompre sa lecture.  (Googeliser -  dictionnariser – Mots inventés pas français je sais)
Une autre chose aussi, je n'arrive pas à me représenter physiquement l’héroïne, c'est un personnage inconnu de la franchise, donc il ne m’apparaît pas mentalement et par conséquent je n'arrive pas à établir un lien mental avec elle. Mais cela vient sans doute de moi. Mais tu étofferais un peu le visuel.
Tu parles des retours, le nombre de retour dépend du nombre de lecteurs et est directement propositionnel au nombre de lecteur potentiel donc de la puissance du site, la CFSt est très sympathique mais infime par rapport à des sites comme Fanfiction.net ou wattpad

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MessageSujet: Re: Daphne Fisher   Daphne Fisher Icon_minipostSam 10 Juil 2021, 17:54

Quels sont les mots que tu as dû gogoliser ? geek

Il faut dire que j'ai dû faire pas mal de recherches pour trouver des pronoms, des expressions qu'on dit inclusives ou non binaires, puisque je parle d'une espèce hermaphrodite. Je ne voulais pas utiliser le masculin en tant que neutre. J'ai aussi passé pas mal de temps sur gogole !

Peut-être un petit lexique ?

Iel : il-elle
an : un.e
san : son-sa
ellui : lui-la
li : le-la
cellui : celle-celui

terminaison en -z ou en -x : pour éviter de genrer le mot.

Médecienne : forme féminine archaïque de médecin.
J'ai fait usage d'une petite coquetterie : à côté des alphabets latin et grec, j'ai utilisé aussi des lettres hébraïques (zaïn, resh)

Comment vais-je décrire Daphné ?
Fin trentaine, des cheveux mi-longs, je la vois châtain mais sa couleur de cheveux n'a pas d'importance.
Taille moyenne, ni grande, ni petite.
Des yeux vifs. Et pour le reste ... quand je n'en dis pas trop, c'est justement pour laisser de la place à l'imagination du lecteur :p
Citation :

PS : Je vais m'attaquer maintenant au 3
au phaseur ou à la bat'leth ? batlel


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MessageSujet: Re: Daphne Fisher   Daphne Fisher Icon_minipostDim 11 Juil 2021, 05:38

Entre autre : endogamie - sise - poplité - Iels (Que j'avais prit au début pour le prénom d'un personnage)

Lourima a écrit:
au phaseur ou à la bat'leth ?

Par ma super vision, donc je dirais pas plus, modestie oblige

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MessageSujet: Re: Daphne Fisher   Daphne Fisher Icon_minipostDim 11 Juil 2021, 09:41

Pour les traits de Daphné, j'aurais voulu faire un morphing entre Raquel Cassidy et Jenna Coleman mais je n'ai pas trouvé de sites en ligne qui le font (celui que j'ai trouvé bloque à un certain moment). Je ne suis pas chez moi, et question connexion, je suis un peu limitée.

Edit : j'ai bidouillé comme je peux avec photofiltre.
Le résultat n'est pas très propre mais ça se rapproche de la façon dont je me la représente

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MessageSujet: Re: Daphne Fisher   Daphne Fisher Icon_minipostDim 11 Juil 2021, 20:26

Voilà j'ai pris le temps de tout lire, j'aime énormément. Le personnage de Daphné Fisher est génial, sa personnalité, ses combats, son vécu, tout est très intéressant.
J'adore le peuple ghwenrhaâdên, leur culture, leur apparence Daphne Fisher 2764

J'aime beaucoup les aspects linguistiques : Les références aux fricatives, l'écriture épicène (avec des accords masculins cependant, choix volontaire ou par défaut ?).

Les "r"s multiples pour montrer l'accent ghwenrhaâdên, j'aime bien le côté exotique que cela donne, mais parfois il y en a trop et ça gêne la lecture. Parfois tu en met jusqu'à 5 d'affilée. Je te suggère de te limiter à 2 lors qu'il n'y en a qu'un seul dans le mot de base et à 3 quand il y en a deux dans le mot de base. (ex : Margoulin -> Marrgoulin / Bourrin -> Bourrrin). Je pense que ça serait un bon compromis pour préserver l'exotisme tout en restant agréable à lire.

Continue comme ça, vraiment c'est passionnant et agréable à lire. J'y retrouve beaucoup des choses que j'aime dans Star Trek !

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MessageSujet: Re: Daphne Fisher   Daphne Fisher Icon_minipostDim 11 Juil 2021, 21:17

Merrrci beaucoup !
Non, c'est promis, j'en mettrai moins geek
Citation :

l'écriture épicène (avec des accords masculins cependant, choix volontaire ou par défaut ?).
Il y a peut-être eu une baisse de vigilance, ou des accords effectivement par défaut. Il faudrait voir au cas par cas.

Edit : j'ai révisé le second chapitre. Quand je l'ai écrit, je n'avais pas encore la notion de dégenrer les adjectifs. Je viens de changer donc de changer quelques terminaisons.
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MessageSujet: Re: Daphne Fisher   Daphne Fisher Icon_minipostMar 13 Juil 2021, 18:32

Chat pître V

Notes de chapitre

Difficile de trouver un titre de civilité inclusif. Certains emploient Mix, un anglicisme. Les Canadiens proposent Mondame (j'ai plusieurs raisons de ne pas aimer). D'autres emploient Monêtre ou Monestre.
J'ai opté pour un très vieux mot : Messer, une forme archaïque de Messire, parce que, à l'origine l'adjectif latin senior (plus âgé, plus vieux) qui a donné sieur, sire et seigneur, est aussi bien la forme masculine que féminine.

Le terme li est proposé pour une forme non-binaire de le-la (mais on trouve aussi d'autres propositions)

Le mot avitaminose signifie carence en vitamine.

Chapitre V

William Riker se fit téléporter sur Frôh en milieu de matinée, à quelques mètres du dispensaire. Comme il était en congé forcé, il avait laissé son uniforme dans sa garde-robe. Quand il arriva, il ne vit personne. Les portes s’ouvraient automatiquement devant lui sans qu’il ne rencontre de comité d’accueil. Quand il parvint à la salle-même d’infirmerie, elle resta fermée et un message apparut sur la paroi en même temps qu’une voix synthétique le lisait.

Salle occupée. Attendez votre tour dans la salle d’attente.  
En cas d’urgence, placez votre main sur l’un des points de contact rouges.
Les points de contact émettent de la chaleur.


De fait, des points lumineux rouges grands comme la paume de la main, apparurent de part et d’autre de la porte, dans le sens de la hauteur, espacés d’une trentaine de centimètres.  Il se retourna pour aller vers la salle d’attente. En faisant volte-face, il se retrouva nez à nez avec an Ghwenrhaâdê.

— Oh ! Excusez-moi monss… mad … euh … balbutia-t-il.
— Vous pouvez dirrre « Messerrrrr », expliqua-t-iel obligemment. Mais en ssce qui me concerrrne : Docteurrr  Aznîyrrr.
— Commander Riker. William Riker ! Ravi de vous connaître, Docteur.  Je cherche justement la Docteure Fisher. Je vais peut-être attendre que Fleeza en ait terminé avec sa patiente et … J’ai un bouton sur le nez ?
— Non ! Paâs du tout ! Le neéz vous gêne ?
— Non, mais vous me fixez bizarrement.
— Je vous prrrie de bien vouloiârrrr m’en exsscuser.

De fait, li Ghwenrhaâdê avait incliné plusieurs fois la tête pour mieux le regarder.

— La Docteurrrr Fisherrrrr est trrrès occupée, reprit-iel, sur un ton posé, en faisant de courtes pauses. Elle ne pourrra pas vous rrrrecevoirrrr.
—   Moui … Je comprends qu’elle n’ait pas envie de me voir avec ce qui s’est passé hier, murmura Riker, entre ses dents.
— Vous ne m’avez pas comprrris, Commanderrrr Rikerrrr. Je n’ai pas dit qu’elle ne voulait pas vous voirrr, mais qu’elle ne pouvait pas vous voirrrr … pourrr l’instant. La Docteurrr Fisherrr  effectue une tâche qu’elle ne peut pas interrrromprre. Mais … si vous avez besoin d’un secourrrs médical, je suis aussi médecian.
— Il s’agit d’une affaire personnelle, expliqua Will.
— Je suis sûuurë qu’une fois libérrrée de sa tâche prrésente, elle vous recevrrra avec joie.
— Avec joie, c’est peut-être beaucoup s’avancer. Je vais patienter dans la salle d’attente. Peut-être que Fleeza aura des détails à me donner.
— Fleeza 2 est aussi occupéée. L’HMS qui occuûpe à prrrésent la sssalle d…
— l’HMS ? s’étonna Riker, ce n’est pas plutôt l’HMA ?
— … Sss pour Secondaire, Commanderrr William Rikerrr, reprit-iel en souriant. C’est Fleeza 3, pas Fleeza 2.
— Et il y a en a beaucoup comme ça ? des Fleeza ?
— Ici ? Seulement l’HMA, Fleeza 2 et l’HMS, Fleeza 3. Fleeza 3 n’a pas un progrrraâmme aussi perrfectionné. Parrr exemple, elle ne peut pas fairrre de la chirrurrrgie, où alors … trrès basique.
— Ah … Ah oui !
— Si vous perrmettez, Commanderrr William Rikerrr, je crrroiâs qu’attendrrre iciî va vous parrraîêtre long. Vous sssemblez un homme d’action. Vous pourrriez aller fairre une longue prrrromenade. D’ici une heurrre, la Docteurrre Fisherrr en aurrraâ cerrrtainement terrrminé-é avec ce qui l’occupe.
— …Oui, peut-être bien.
— Puis-je vous suggérrer un petit parrcou-ours au Parrc Euvrré-Khahaâl ? Le parrcou-ours 17 conviendrrrait parrfaitement à votrre constitution. A gauche en sorrtant, quinze fou-oulées puis à drroi-âte et vous verrrez le parrc. Veillez à rrrester à l’ombrrre. Votrre espèhèce n’est pas arrmée comme la nôôôtrrrre contrrre les impuden-ences d’un soleil arrrdent.

Ce disant, iel fit se dresser ses cheveux à la verticale de la racine  jusqu’à 15 cm de longueur. Le reste de la chevelure retombait naturellement formant une sorte de casque tout autour de la tête.

— Très impressionnant, murmura Riker.
— Bonne prrromenade, Commanderrr William Rikerrr !

Riker sortit et suivit le chemin indiqué par li médeciann. Les parcours du parc étaient en effet fléchés et numérotés. Mais alors qu’il parcourait un de ses sentiers, il fut pris d’un doute et contacta l’Enterprise.

— M. Data, j’aurais besoin d’un renseignement.
— Je vous écoute, Commander.
— Que pouvez-vous me dire au sujet du Dr Azin .. Azir … ? … Roh ! C’est bien ma chance, je ne me souviens plus de son nom exact.
— An Ghwenrhaâdê ?
— Oui. Psychiatre, d’après ce qu’il … d’après ce qu’iel m’a dit.
— Un instant … S’agirait-il de Dr Aznîyr ?
— Oui c’est cela.
— Quarante cycles c’est-à-dire cinquante-et-une de nos années. En société avec Liyûbrov et Chaâmekr, séparé de Bruynôr depuis deux cycles, deux enfants appartenant à la société et un …
— Oui, bon merci, M.Data. Ce n’est pas son état civil qui m’intéresse. J’aimerais savoir si la personne que je viens de rencontrer est bien celle qu’elle dit être.
— Je vous envoie ça tout de suite. Restez à votre position.

Il ne fallut pas deux minutes avant qu’un petit objet ne soit téléporté à un mètre de Riker. Il ramassa l’holo-émetteur de poche et l’activa. Une représentation miniature d’Aznîyr en émana tout aussitôt.

— C’était bien lui …elle … euh !
— Ellui, Commander.
— C’est ça : ellui. Qu’est-ce que vous pouvez me dire de plus sur ces attributions, fonctions, compétences, … ?
— Li Docteur Aznîyr est diplômé depuis quinze cycles. C’est an psychiatre assermentéë qui dépend du district nord.
— La Cité de Khwôrhn ?
— Khwôrhn en fait partie, mais le district nord comporte deux autres Cités : Gavryéüh et Shrikhaôor…
— Donc sa présence au dispensaire n’a rien de … d’incongru ?
— Le dispensaire a un espace holographique qui est dédié à la psychothérapie.
— C’est plus clair ainsi. Merci, M. Data. Terminé.

Will poursuivit tranquillement sa petite promenade dans un espace ombragé, bordé de fontaines et de petits rus, qui lui faisait découvrir la flore locale. Après trois-quarts d’heure de balade, il se retrouva face à la Dr Fisher, au détour d’un chemin.

— Bonjour, Commander !
— Dr Fisher !
— J’ai rencontré Aznîyr et iel m’a dit qu’iel vous avait envoyé vous promener par ici. Vous pourriez me suivre jusqu’au dispensaire ?
— Bien sûr
— Au fait, comment allez-vous ?
— Très bien. Le genou va bien. C’est rétabli. Je suis content de vous voir. J’étais venu m’excuser.

Daphné le regarda, étonnée.

— … Ce que je vous ai dit, à propos de l’incident θ 8451, expliqua-t-il … Je ne m’étais pas rendu compte que … qu’il s’agissait de vous.  Mes paroles étaient particulièrement déplacées. C’est seulement quand je suis remonté à bord de l’Enterprise que … que j’ai compris. Tous les détails de votre séjour à bord me sont revenus en mémoire ...
—  Je me demande seulement, s’il s’était agi d’une autre personne que moi, auriez-vous les mêmes regrets demanda-t-elle, un brin taquine.
— Vous ou quelqu’un d’autre … le fait d’avoir croisé la route de la personne …
— Oui, c’est vrai, murmura-t-elle sur un ton aimable.  Allons, laissons cela, vos excuses sont acceptées.
— Ce n’est pas la route 17, objecta-t-il en la voyant s’engager dans un sentier de traverse.
— Non, c’est un raccourci. On arrivera plus vite par ici.

Riker ne pouvait rien faire d’autre que de la suivre.

— J’ai une question curieuse à vous poser, lui dit-il après un moment.
— Allez-y !
— Pourquoi Lol ? Pourquoi avoir appelé votre ordinateur Lol ?
— … Lol veut dire ami, compagnon, en proto-rémaxulien, expliqua-t-elle de bonne grâce. C’est une ancienne langue dénobulienne qui n’est pratiquement plus parlée. Mais Fleeza — Fleeza 1, celle de chair et de sang — a un malin plaisir à utiliser des expressions archaïques ou patoisantes. Les traducteurs automatiques avaient parfois du mal à se synchroniser. Elle le faisait un peu exprès.

Ils arrivèrent rapidement au dispensaire. Daphné conduisit Riker jusqu’à l’espace holographique. Il s’ouvrit sur un paysage familier : une plage alaskaine au pied de massifs montagneux recouverts de sapins.

— Alors ? … Quelles sont vos impressions ?
— … C’est la plage où je passais mes vacances quand j’étais enfant, répondit Riker, éberlué.
— Et que ressentez-vous ?
— … Je ne sais pas … Comme … comme une envie de me baigner.
Daphné se mit à rire.

— Eh bien, allez-y ! Je ne vous retiens pas.
— Si j’avais su … j’aurais amené mon maillot de bain.
— Oh, fit Daphné, amusée, en levant les yeux au ciel. Sur Frhôh, la pudeur ne se porte pas sur la nudité.

Riker se déchaussa, enleva les pans de sa longue chemise ample de son pantalon, ôta celui-ci et s’avança dans l’eau.

— … Ah ! … pas trop chaude ! … juste comme je l’aime ! s’exclama-t-il.

Tuvar s’approcha de sa compagne et lui glissa à l’oreille.

— Ne me dis pas qu’il se baigne en slip !
— Culture nord-américaine, souffla-t-elle benoîtement.
— Vous venez me rejoindre ? leur cria Riker.
— Pas pour le moment ! répondit Daphné. Tout à l’heure, peut-être.

Riker ne prolongea pas longtemps sa séance de barbotage. Après tout, si on l’avait fait venir là, ce n’était certainement pas pour de la baignade. Il sortir rapidement du lac holographique

— Les shfa’knekh sont de sortie, plaisanta Tuvar, en lui lançant une serviette éponge.
— Une sorte d’otarie de Muzh’Ri, expliqua Daphné.
— Muzh’Ri, répertoriée Sigma Minor IV par Starfleet, ajouta Tuvar.
— Je vois, dit Riker, tout en s’installant dans un des transatlantiques disposés sur la plage. Une colonie vulcaine, n’est-ce pas ?
— Oui, c’est là où ma mère a grandi. Là où ma grand-mère romulienne a connu mon grand-père vulcain.
— Une Romulienne bien loin de chez elle, fit remarquer Riker.
— Réfugiée politique, expliqua Tuvar. En fait, c’est plutôt mon arrière-grand-mère qui était réfugiée politique. Mon arrière-grand-père a fait évacuer sa femme et sa fille en urgence. On suppose qu’il a été arrêté et sans doute exécuté. Ma bisaïeule a été accueillie avec sa fille dans un village de transfuges qui venaient d’un peu partout. Elle n’a pas survécu longtemps. Et mon grand-père a pris ma grand-mère sous sa protection. C’était le gouverneur de ce district.

Riker resta pensif.

— Bien … je suppose que si vous m’avez fait venir ici, ce n’est pas pour le plaisir de me voir barbotter, reprit-il, après un moment. Pour reconstituer l’endroit où je passais mes vacances avant d’avoir du poil au menton, soit vous avez cuisiné M.Data, soit  … c’est l’autre moi qui vous en parlé.
— Ça me fait plaisir que vous l’appeliez l’autre moi, commenta Daphné.
— Je vais vous raconter une histoire, commença Tuvar. Elle ne commencera peut-être pas comme vous vous y attendez alors ayez un peu de patience.

William s’enfonça dans son fauteuil, les bras croisés et regarda Tuvar, dans l’expectative.

— Je vais vous parler de Monsieur V. V comme vulcain, continua-t-il. V était un officier de Starfleet, il avait le grade de lieutenant quand il a démissionné pour rejoindre le Maquis. Il avait alors trente-cinq ans. Ce qui est fort jeune pour son espèce . Après plus d’un an de combats et d’escarmouches, V a été fait prisonnier par les Cardassiens. Au lieu de l’exécuter, les Cardassiens ont préféré s’en servir comme force servile et l’ont condamné aux travaux forcés. Ses geôliers ont essayé de le pousser à bout, histoire de voir jusqu’où allait la résistance physique et mentale d’un Vulcain. Ils ont fini par abandonner en se rendant compte que ça ne menait à rien. Et puis, est arrivé un autre jouet, un autre prisonnier à tester, un autre ex-officier de Starfleet, mais humain cette fois. Les deux ex de Starfleet se sont serré les coudes. Alors les Cardassiens se sont amusé à les monter l’un contre l’autre en obligeant l’un à faire du mal à l’autre et réciproquement.  Là aussi, ça n’a eu qu’un temps. Et puis un directeur de camp plus âgé a remplacé le premier. Les gardiens les plus jeunes et les plus vigoureux eux aussi ont été remplacés.
Après quelques années d’emprisonnement, les condamnés ont vu arriver aux commandes des Jem’Hadars et puis des Breens. Ils savaient qu’une guerre avait cours mais ils ne comprenaient pas qui se battaient contre qui et dans quel but.  Le fait d’être dans l’ignorance et d’entendre des rumeurs contradictoires faisait croître les tensions.
Le Dominion a été vaincu et l’empire cardassien s’est effondré. Le camp de travail a été abandonné puis récupéré par des milices antagonistes et les prisonniers se sont retrouvés séparés les uns des autres, vendus comme des marchandises. Le Vulcain et l’humain faisaient partie du même lot. Ils ont été déportés sur un planétoïde, puis sur un autre, ils sont passés de main en main pour finir abandonnés à leur sort, sans aucune ressource. À peine de quoi boire, rien à manger.
V a repéré un vaisseau abandonné et a voulu tenter le coup pour le coup. Il y avait de la place pour une dizaine de personnes, mais seulement trois ont voulu suivre les anciens de Starfleet. Si le cargo avait été laissé là, c’est parce qu’il n’était pas vraiment en état de marche. Les deux anciens officiers l’ont rafistolé avec ce qu’ils avaient sous la main et ils sont parvenus à le faire décoller.
Une fois qu’ils ont eu quitté l’orbite, l’un d’eux a réussi à lancer un message subspatial pour qu’on vienne secourir ceux qu’ils avaient laissé derrière eux. Mais les ex-Maquisards avaient peur d’être fait à nouveau prisonniers, par la Fédération cette fois.
Le cargo n’a pas tenu le coup longtemps, les pannes se sont succédé et les avaries également. Il y a eu un moment où ils se sont mis à dériver. Les instruments de navigation se sont affolés, et ils ne savaient plus où ils se trouvaient. Ils ont cru que l’espace allait être leur tombeau, jusqu’à ce qu’ils repèrent un planétoïde qu’ils ne parvenaient pas à identifier.
Leur seule chance était d’essayer de se poser.  Avec des instruments de navigation qui ne répondaient plus et un système de communication défaillant. Ils ont lancé un appel de détresse mais le signal était très mauvais. Fhrôh n’est pas un nœud de navigation aérospatial. La planète n’est équipée qu’en fonction de ses besoins. Bien entendu, le vaisseau avait été repéré, mais on n’allait pas dépêcher une armada pour les escorter jusqu’au sol.
J’étais en déplacement, je revenais d’un dépannage quand j’ai été contacté par l’organe central aérien. J’étais le plus proche de l’endroit estimé de l’impact. J’avais peur que le véhicule n’ait pris feu. J’avais bien un extracteur d’oxygène avec moi, mais pour ce n’est pas l’idéal quand des personnes sont coincées à l’intérieur.
J’ai trouvé la carcasse éventrée, fumante mais pas d’incendie. Un homme se tenait debout, pas loin. Il titubait, gesticulait. Je lui ai dit que les secours allaient arriver, qu’il ne devait pas s’en faire. J’ai jeté un coup d’œil à l’intérieur, compté les blessés et averti le central qu’il faudrait en désincarcérer deux.
J’ai rejoint le gars qui était dehors. Il ne m’avait pas l’air blessé, même s’il semblait assez secoué. Sa bouche était sanguinolente et sa peau était bleue, violacée par endroit. Il répétait : Avez-vous vu un Vulcain ? Où est-ce qu’il est passé ? Il n’a pas pu disparaître. Pourquoi je ne le vois plus ?
Je lui ai répété qu’il ne devait pas s’en faire, que les secours arrivaient, qu’on allait retrouver son ami. Mais comme il faisait mine d’aller à sa recherche, j’ai bien dû lui faire une prise vulcaine pour le calmer.

Tuvar jeta un coup d’œil embarrassé à Daphné.

— Je ne pouvais plus rien faire sur place alors l’ai embarqué dans mon véhicule, reprit-il, pour l’amener au dispensaire. Il a vite repris connaissance mais quand on a débarqué, il n’arrivait plus à tenir debout. Je l’ai porté jusqu’à la table d’examen.
— Tuvar m’avait contacté depuis son aéroglisseur, expliqua Daphné. Je n’étais pas trop contente qu’il ait assommé mon patient. Et encore moins quand j’ai vu la trace de ses doigts sur sa nuque. Une trace violacée. Je n’ai pas eu besoin du tricordeur pour comprendre ce qu’il se passait. Un petit coup d’œil à ses gencives et …

Elle soupira.

— Le scorbut, lâcha-t-elle.
— … C’est la maladie des marins d’autrefois, s’exclama Riker.
— Avitaminose C. Ce n’était pas la seule avitaminose. Ni la seule carence. Durant ma formation, j’avais été confrontée à toute sorte de maladies et de blessures, surtout de guerre. Mais c’était la première fois que j’avais affaire à de la malnutrition.
—  Je voudrais tout de même revenir à V reprit Tuvar, abruptement. Il avait marché droit devant lui jusqu’au premier être vivant rencontré. Il a eu juste le temps de lui dire : le cargo s’est crashé, il y a des blessés. Et puis il s’est écroulé comme une masse.
— Mort ?
— Non. Inconscient. Il est resté dans le coma pendant trois mois et demi et quand il s’est réveillé, si on peut appeler ça réveillé, il était complètement amorphe.
— On peut parler de stupeur, ajouta Daphné.
— C’est-à-dire ? s’enquit Riker.
— Absence totale de réaction, le regard perdu dans le vide, immobilisme.
— Une coquille vide, un accu en bout de course qu’on ne parvient plus à recharger, renchérit Tuvar.
— Mais était-il vraiment conscient ?
— Oui, assura Daphné. L’activité neuronale en témoignait. Il a été transféré sur Ghwenrhaâdy, la planète mère pour bénéficier d’an neurologue spécialiséë.  Iels ont contacté sa famille et Vulcain. Sa famille l’a renié et Vulcain a répondu qu’il fallait laisser les choses suivre leur cours naturel. D’ailleurs ils ont clairement signifié qu’ils s’occupaient d’abord des victimes civiles et de leurs congénères qui avaient combattu dans les forces régulières. Un ex-Maquisard se retrouvait d’office en bas de la liste de leurs priorités.
— Donc, on n’a rien pu faire pour lui, conclut Riker.
— Eh bien, j’ai fini, un peu sous la pression de mon entourage, expliqua Tuvar — il décocha une œillade insistante à sa compagne — par tenter une fusion mentale. Je ne suis qu’à deux-quarts Vulcain et je pratique très peu la télépathie. Je suis allé m’y préparer dans un temple sous la guidance d’une prêtresse…. Comment dire ? … Tout à l’heure, vous êtes baigné en slip. Question de pudeur, je trouve bien plus intrusif de mêler mon esprit à celui d’une autre personne.

Il marqua une pause avant de reprendre.

— Un poisson auquel on aurait coupé les nageoires, qui aspirerait à la clarté de la surface mais qui serait condamné à se mouvoir péniblement au-dessus de la vase des grands fonds.
…  Trois jours plus tard, san neurologue nous a contactés pour nous dire qu’il y avait eu un très léger progrès. Il bougeait les doigts et suivait les personnes du regard. J’ai repris contact avec mon père qui est plus compétent que moi dans ce domaine. Il a accepté de mauvaise grâce mais …
— Je suppose que c’est un fameux voyage jusqu’ici, fit remarquer Riker.
— Les Ghwenrhaâdên sont alléës le chercher elleux-mêmes, Distorsion 9, intervint Daphné. Quand je vous disais qu’ils étaient redoutables d’efficacité, ce n’était pas de la blague.
— C’est surtout que mon père est plus vulcain qu’humain, expliqua Tuvar. D’ailleurs, je me demande parfois ce que mon grand-père avait d’humain. Enfin soit, c’était aussi une occasion pour mes parents de faire connaissance avec ma compagne et T’ara qui venait de naître.  
— Et après cela, votre Monsieur V s’est rétabli ? demanda Riker qui avait hâte de clore ce chapitre.
— Pas sur le champ. Cela a accéléré le processus de guérison qui aurait pris trois ou quatre ans sans cela. A l’heure actuelle, V est autonome, il vit en symbiose avec un temple vulcain en effectuant des tâches très simples, surtout manuelles. Il y a de bonnes chances que dans dix mois à un an, il ait retrouvé toutes ses capacités.
— V est un des meilleurs pilotes de sa promotion, il est aussi spatio-ingénieur, ajouta Daphné. Et pour le moment, il fait du jardinage ou il balaie. Avec un balai, pas un robot ménager.
— Oui, je vois.
— Si j’ai passé du temps à vous expliquer tout ça, reprit Tuvar, c’est pour que vous vous rendiez compte que même une espèce réputée pour sa résistance peut présenter de graves séquelles neurologiques et psychologiques après de mauvais traitements.
— Mais j’en ai conscience, assura doucement Riker.
— J’en reviens à notre H, poursuivit Daphné.
— H ?
— H comme humain. Il a été placé directement sous synthétiseur perfusant et régénérateur de tissus.  J’ai demandé au Dr Tilov s’il fallait le transférer chez lui, mais il avait déjà fort à faire avec les autres rescapés. Donc on l’a donc gardé avec nous. J’étais plus inquiète que lui de son état physique. Il n’était obsédé que par une seule chose : personne ne devait savoir qu’il était là ! Cela l’ennuyait d’être sur le territoire de la Fédération. Je l’ai rassuré comme j’ai pu. La procédure de protection sociale avait été mise en route. An avocax avait été désigné et iel avait fait le nécessaire pour coordonner les services dont il allait avoir besoin. Je suis resté avec Fleeza 2 auprès de lui jusqu’au soir. Fleeza 3 m’a relayée. Quand je suis descendue le lendemain matin …

Elle s’arrêta, visiblement prise par l’émotion.

— … Il était inconscient, s’étrangla-t-elle … J’ai cru … j’ai cru vraiment qu’on allait le perdre.
— Pronostic vital engagé ?
— Moui. Il a fini par refaire surface après trois jours, mais il était très faible, à peine capable de bouger ou de murmurer un mot. Les rescapés ont usé leurs dernières forces pour survivre et une fois qu’ils ont été pris en charge, toute la tension qui les maintenait encore debout s’est relâchée.
— Et quand avez-vous su qui il était ? demanda Riker.
— Dans l’heure qui a suivi son arrivée. Je lui avais demandé plusieurs fois son nom, ou la façon dont il voulait qu’on l’appelle. Il a fini par me dire Tom, du bout des lèvres, mais il a fallu que j’insiste pour avoir un prénom.  Fleeza a soumis son ADN à analyse, ça fait partie du protocole quand on soigne des inconnus. L’indentification a été faite très rapidement. C’est comme ça que j’ai appris que vous existiez en deux exemplaires. L’un était à bord de l’Enterprise et le second sur la table d’examen. Mais nous ne lui avons rien dit. Le sujet était tellement sensible qu’on tenait à ce qu’il se sente en confiance. C’est important pour guérir. A tout point de vue. Quand il a été à nouveau capable de suivre une conversation pas trop longue, à peu près trois semaines après sa prise en charge, san avocax lui a fait comprendre, en choisissant prudemment ses tournures de phrases, qu’il ne courait plus le risque d’être à nouveau emprisonné. Et en Ghwenrhaâdê qui se respecte, iel lui a entouré les bras de ses mèches de cheveux durant la durée des explications. Ça a un effet très apaisant et rassurant.
— Est-ce qu’il a gardé des séquelles physiques ?
— Pas vraiment. Il paraît plus âgé que vous. Plus ridé, plus grisonnant, ses articulations sont plus usées que les vôtres. Pour le reste, il a entièrement récupéré et il n’y a pas de séquelles cardiaques. Mais au point de vue psychologique, … c’est une autre paire de manches !
— Il perd la tête ? s’inquiéta Riker.
— Non, quand même pas ! s’exclama Tuvar en souriant. Il ne sursaute plus au moindre de bruit et les attaques de panique s’espacent avec le temps.
— Vous avez croisé Aznîyr tout à l’heure, enchaîna Daphné. C’est iel qui l’a pris en charge et sa théraphie est assez efficace, mais iel ne peut pas réduire le facteur temps. Il va beaucoup mieux, même s’il n’est pas entièrement rétabli.
— Il a une occupation ? Un travail ? reprit Riker après une courte pause.
— Quand il s’en sent capable, il vient nous donner un coup de main à l’atelier, dit Tuvar. Il est plutôt bon quand il s’agit de réparer des véhicules. Par contre, le pilotage lui donne encore des sueurs froides. Il a développé de l’amaxophobie.
— La peur des véhicules, expliqua Daphné.  Ça va déjà beaucoup mieux. La peur de prendre place en tant que passager a disparu.
— Il lui arrive maintenant de rentrer ou de sortir des engins de l’atelier, donc à vitesse réduite et au sol, ajouta Tuvar. Il y a des progrès, mais je ne le verrais pas aux commandes d’une navette.
— Il va mieux mais il n’est pas guéri, confirma Daphné.
— … Assez bien pour vous demander de me parler de lui ? demanda Riker.
— Eh oui ! Sans cela, vous auriez eu droit à un simple communiqué, répliqua-t-elle.
— Il trouvait cela un peu … impersonnel, ajouta Tuvar.
— On lui a proposé d’enregistrer un message, vocal, bi-dimensionnel ou holographique, poursuivit-elle. Mais Thomas voulait … vous ménager.
— Oh ...  Mon Dieu ! s’exclama Will, surpris et même touché par une telle sollicitude … Je ne sais pas quoi vous dire …  À part merci …  Merci d’avoir pris soin de lui. C’est … c’est un peu comme si vous aviez pris soin de moi.
— On a fait notre boulot, tempéra Daphné.
— Vous l’avez fait avec cœur. J’ai l’impression que vous êtes devenus un peu sa famille.
— La solitude et le manque de repères … commença Daphné

Tuvar toussota.  Le couple échangea un regard.

— … ne sont pas des facteurs de guérison, acheva-t-elle après cette brève hésitation.

Riker savait que ce n’était pas ce qu’elle avait voulu dire de prime abord. Il se contenta de ce qu’on venait de lui dire. C’était plus que ce qu’il en avait espéré.


Dernière édition par Lourima le Mar 27 Juil 2021, 21:29, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: Daphne Fisher   Daphne Fisher Icon_minipostMar 13 Juil 2021, 19:34

Je suis fan !

Continue comme ça c'est excellent !

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MessageSujet: Re: Daphne Fisher   Daphne Fisher Icon_minipostMar 13 Juil 2021, 21:37

Merci beaucoup.
Qu'est-ce que tu aimes plus particulièrement ?
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MessageSujet: Re: Daphne Fisher   Daphne Fisher Icon_minipostMer 14 Juil 2021, 13:58

Lourima a écrit:
Qu'est-ce que tu aimes plus particulièrement ?
Toujours les mêmes chose que celles que j'exposais dans mon message précédent. J'ajouterais que j'aime la manière dont tu approfondi tes personnages en utilisant les évènements de la Guerre du Dominion et du Maquis.
D'ailleurs globalement tes personnages sont tous très intéressants, j'ai quand même une préférence pour ceux que tu a inventés plutôt que pour les existants que tu réutilise. Smile

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MessageSujet: Re: Daphne Fisher   Daphne Fisher Icon_minipostLun 19 Juil 2021, 20:32

L'ennui, après les éloges, c'est qu'on a peur de décevoir ^^

La lime est l'autre nom du citron vert.
Vous ne trouverez pas le verbe "cantiler" au dictionnaire. Son usage est limité aux cercles liturgiques. Il s'agit de récitation sur un thème mélodique simple et répétitif.

Alors, allons-y : chat pître suivant.


Chapitre VI

Enfoncée dans le canapé, Deanna caressa le bras de Will d’une manière réconfortante avant de se blottir contre son épaule.

— Je suis toujours en train de me demander ce qu’elle était sur le point de dire, murmura-t-il.
— À mon avis, elle était près de trahir une confidence et elle s’est arrêtée juste à temps.
— La solitude et le manque de repères …
— C’est sans doute ce qui a poussé Thomas à faire les mauvais choix. Huit ans d’isolement sur Nervala IV pour se rendre compte qu’il n’était qu’un accident de téléporteur et pas la version officielle de William Riker. La femme qu’il avait connue et aimée avait changé et n’était pas prête à reprendre leur relation ... Il a même été dépossédé de son prénom.
— … Il pouvait se refaire des relations sur le Ghandi.
— Un grade et une affectation, ça ne fait pas repousser des racines.
— … C’est idiot, je n’ai pas pensé à leur demander s’il voulait te revoir… Je n’ai pas pensé non plus à le lui proposer dans le message que je lui ai laissé.
— Et tu ne penses pas non plus à me demander si j’ai envie de le revoir, lui fit-elle gentiment remarquer.

Il lui passa la main dans les cheveux en guise de réponse.

— Je te sens plus calme, rassuré, lui dit-elle.
— Ce qui me rassure c’est de savoir qu’il est bien entouré, avec une bonne prise en charge. On dirait qu’ils le considèrent comme un membre de leur famille.
— La solidarité est un pilier fondamental de la société ghwenrhaâdê.
— Ils ne sont pas de l’espèce native, fit remarquer Will.
— Non, mais ils sont intégrés dans leur réseau social. S’ils n’avaient pas cet état d’esprit, ils ne seraient pas restés dans ce système.  
— … C’est curieux, quand j’y pense … il ne doit pas être bien loin quand je me promène dans les parages. C’est un peu comme jeu de cache-cache.  


Après une longue séance de manipulation, Daphné sortit enfin de son laboratoire. Elle descendit dans le salon où l’attendait un visiteur.

— Ah ! Enfin ! soupira Neshin Iyr agacé.
— Mais qui voilà ! s’exclama-t-elle. Bonjour Neshin, tout va bien ?
— Tout irait bien si je n’avais pas dû attendre une heure que vous ayez fini de vous pomponner.
— Parce que j’ai une tête à me pomponner ! s’exclama-t-elle.
— Pas vraiment, admit-il. Vous êtes … enfin … vous êtes naturellement euh … jolie … plus … hum … hum… encore plus belle que la première fois que nous nous sommes rencontrés.
— Je suis heureuse de l’apprendre, lui répondit-elle amusée.
— Vous saviez quand même que j’étais là ?
— Et vous saviez quand même que j’étais occupée à une tâche que je ne pouvais pas interrompre. ? Même les Borgs ne m’aurait pas sortie de mon labo ! Vous avez trouvé le synthétiseur ? demanda-t-elle aimablement. Vous vous êtes servi à boire et à manger ?
— Oui, oui, merci ! Merci ! répondit-il toujours agacé.Donc, j’ai traversé tout le quadrant pour vous apporter un petit bidule en mains propres, à vitesse maximale et là … paf ! Les petites poupées arc-en-ciel m’interdisent d’atterrir où je veux sur leur bout de caillou.
— Noooooooooooon ! fit plaisamment Daphné. Iels ont fait ça ?
— Vous pouvez rire. Mais j’ai dû passer par le spatio-port et prendre un aéroglisseur.
— Laissez-moi deviner ! Vous n’aviez pas fait réviser votre système de freinage dans les six derniers mois ? La prochaine fois, j’interviendrai personnellement auprès del Gardiann pour qu’iel vous laisse vous crasher sur les roches sablées des environs.
— Oui, ça va ! C’est bon ! ronchonna-t-il.
— Je peux avoir mon petit bidule, … s’il vous plaît ? dit-elle en tendant la main.

Il décrocha un étui de sa ceinture, l’ouvrit et le lui présenta. Il contenait un minuscule cylindre qui tenait dans le creux de la main.

— C’est pour faire quoi ? demanda-t-il, curieux.
— Un vaccin.
— Pourquoi vous ne passez pas par la poste ?
— Je ne passe pas par les réseaux officiels. Je travaille en Sources Ouvertes et ce n’est pas du goût de tout le monde.  Désolée de vous donner du travail, Neshin ! plaisanta-t-elle.
— Je ne vais plus faire ça longtemps, soupira-t-il, rasséréné. Je n’aspire qu’à une chose : retourner sur Bajor et m’acheter un ferme.
— Eh ben … qu’est-ce qui vous retient ? Faites-le, l’encouragea-t-elle.
— J’ai des histoires à régler et à liquider avant. C’est contre quoi le vaccin ?
— Une pathologie, répondit-elle, lapidairement.
— Ça, je ne m’en serais jamais douté ! Et elle fait quoi, la maladie ? Elle donne la fièvre ? Elle tue ?
—  J’ai bien envie de répondre que ça déplisse le nez des Bajorans curieux, mais vous allez me traiter de raciste. Pourtant ce serait de bonne guerre, puisque vous avez traité les Ghwenrhaâdên de poupées arc-en-ciel.
— Oh ! C’est bon ! Si on peut plus rigoler !
— Mais c’est que je fais : je rigole.
— Vous, celui qui vous mettra en boîte n’est pas encore né.
— Et vous, vous allez faire quoi, maintenant ? demanda-t-elle gentiment. Vous allez quand même vous reposer avant de repartir.
— C’est pas très touristique, votre coin. Il y a des hôtels, dans ce bled ?
— Vous trouverez facilement des chambres d’hôtes à Khwôrhn. Je vous conseillerais plutôt le quartier sud.

Neshin repartit plus joyeux qu’il n’était arrivé. Daphné remonta dans son laboratoire pour placer le cylindre en lieu sûr. Puis elle contacta l’Organe Central des Sciences ghwenrhaâdê en visioconférence.

— Bonjour, Pr Efhraÿos !
— Bonjourrr Drrrr Fisherrr !
— Je viens faire enregistrer  l’arrivage de l’échantillon Epsilon 58, à 14 :42 :16.
— Sssoyez prrrudente !
— Comme d’habitude. La supervision des deux I.A. est activée.
— Buûlle antississmique ?
— Lol … vérification de la bulle antisismique, lança Daphné, un peu blasée.
Bulle antisismique activée.
— Fleeza 3, vérification des protections antisismiques, enchaîna-t-elle
Vérification terminée, répondit l’hologramme. Protection activée. Vérification de tous les protocoles de sécurité… tous les protocoles sont actifs.
— Rassuréë, Professeur ?
— Vu la natuûrre de vos trrravaux, il faut comprrendrre que je prrenne à coeurrr la sécurrrité générrraâle.
— Professeur, la dernière secousse sismique remonte à 98 cycles, l’échantillon a été neutralisé pour le transport et quand je le réactiverai, je vous mettrai directement au courant, répondit-elle sans se départir de son calme.
— Parrrfait ! C’est bien ainsiî que je l’entends. Comment allez-vous, ma chèrrre conadelphe ?
— Très bien, je vous remercie. Et vous-même ?
— Je serrrai bientoôt parrrent !
— Toutes mes félicitations ! A vous et vos sociétaires. Puis-je demander qui le porte ?
— Doôfraÿr !
— Je n’ai pas encore eu le plaisir de li rencontrer.
— C’est norrrmal. Iel travaille dans le sssecteurrr des trransssports interrrcités. Dites-moi ma chèrrrre n’êtes-vous pas trrrop … fatiguée ou trrrop prrréoccupée en ce moment ?  
— Non, pourquoi le serais-je ?
— Parrrce que vous avez forrrt à faire avec votrrre prrrotégé pourrr le moment. Ça pourrrrait vous trrroubler l’esprrrit.
— Ah ! Les nouvelles vont vite ! Pr Efhraÿos, je comprends vos inquiétudes, mais vous me connaissez depuis assez longtemps pour savoir que je ne me lance pas dans un processus complexe si je ne suis pas certaine de faire preuve d’une concentration optimale.
— Mille parrrdon ! Mille excuzzzes ! Je ne voulais en ri-ien mettrre en cause votrre prrrofessssionalissme. Que le rrrepos du soirrr rrrefassse vos forrrces et que le sssoleil du matin se lève sur la frrraîcheur d’un jourrr nouveau.
— C’est cela ! acquiesça Daphné qui voyait s’user son capitale patience. Et que l’aurore bénisse votre descendance présente et à venir.
— Perrmettez-moi d’appeler surrr vous la grrande bénédictsssion.

Il aurait été mal venu de refuser ce rituel archaïque. Daphné s’inclina légèrement en croisant les bras sur la poitrine.  

— Esprrrit ansssian qui fait frrrémir les ailes des ven-ents ferrrtiles, que le brrruissement de ton souffle rafffrraîchissant épande surrrr nos vi-îes frrragiles et éphémèrrres la rrrosée apaisante qui voit s’entrouvvrrir les pétaâles des fleurrrs embau-aumé-ées, par les champs et les plai-ènes.
— Et que les lacs de Ghwenrhaâdy notre mère, soient les miroirs reconnaissants des bénédictions que nous recevons du ciel par ton souffle bienveillant, répondit-elle en ouvrant les bras et en s’inclinant davantage.

Un large sourire illumina le visage de Pr Efhraÿos, sa chevelure se mit à onduler joyeusement. Cela signa la fin de la transmission.

— Comme si j’étais en train de travailler à la scission de l’atome ! marmonna-t-elle en soupirant. Je ne cultive pas la peste de Rachelis dans ma cuisine, quand même ! …
Lol, Fleeza 3, confirmation de la fermeture des casiers réfrigérants.
— Fermeture confirmée !
— Fermeture confirmée !


Daphné quitta son labo et en ferma l’accès en se faisant confirmer un nouvelle fois la procédure. Elle rejoignit nonchalamment son petit salon et y trouva un homme, grand, barbu, grisonnant accoudé au mur.

— Thomas ! s’exclama-t-elle. Que la rosée du matin et la fraîcheur du soir, fasse frémir les ailes du grand esprit qui répand sur toi le vent revigorant des plaines herbagées, etc., etc.
— Qu’est-ce qui te prend tout d’un coup ? demanda-t-il en riant.
— Oh … Man supervisaire est un poil parano. Je viens de me taper la grande bénédiction in extenso. Thé de Kfardy ? proposa-t-elle.
— Avec un peu de citron vert, s’il te plaît.
— Synthétilol ? Deux thés de Kfardy à la lime.
— Sucré ? demanda le synthétiseur.
— Thomas ?
— Non.
— Sans sucre ! répondit-elle au synthétiseur … Assieds-toi ! fit-elle ensuite à l’adresse de son visiteur.

Il prit place dans un fauteuil et accepta la tasse de thé qu’elle lui tendit avant de s’asseoir à son tour.

— Qui c’était le Bajoran, que j’ai croisé tout à l’heure ? demanda-t-il.
— Neshin Iyr. Le réseau Sources Ouvertes l’emploie parfois comme coursier. Je me demande s’il ne fait pas un peu de contrebande, en douce. Ça ne m’étonnerait pas.
— Je te fiche mon billet que c’est un ancien du Maquis.
— Tu devrais poser la question à ta copine Laren, plaisanta-t-elle.
— Elle et moi, on n’était pas vraiment proches. Je la connais juste de nom… Parfois, j’ai bien envie de reprendre contact avec Neris.
— Tu sais que c’est possible. Et sans trahir ton lieu de résidence.
— Pff … je ne suis pas vraiment décidé.
— C’est comme tu le sens, Thomas.
— … Tu as vu le message que l’autre m’a laissé ?
— Je ne lis pas ton courrier, répondit-elle gentiment.
—Tu aurais pu être là quand il enregistré l’holo-message.
— Non. C’est trop intime.
— … C’était gentil … Je ne sais pas si … Enfin … J’en ai un peu marre de jouer à cache-cache.
— Thomas ! … C’est TA décision. C’est à toi de voir si tu veux le faire ou pas …  
— Ce qui m’ennuie ce qu’Aznîyr veut être là quand ça se passera.
— … Négocie ! Demande-lui de se tenir à distance. Dans le couloir ou la pièce à côté. Ou juste au moment des présentations et si ça se passe bien, de se retirer.
— … Deanna est à bord de l’Enterprise ?
— … Oui, répondit-elle après y avoir réfléchi.
— Ce n’est peut-être pas une bonne idée …
— Quoi ?
— De lui demander d’être là quand …
— … Il vaut mieux rester avec li même thérapeute, tu sais. Ou alors … tu la rencontres en tant qu’amie.
— Deanna, thérapeute … non mais, hoqueta Thomas en souriant … je ne l’ai jamais considérée comme telle.
— … Peut-être essayer d’abord de définir ce que tu cherches. Un contact avec William en tant qu’alter ego ? Un contact avec des personnes que tu as connues autrefois ?
— … Oui, tu as raison. Je suis en train de tout mélanger.
— Essaie de tout dé-mélanger avec Aznîyr, proposa-t-elle plaisamment … et puis … prends ta décision.
— … Ça fait beaucoup sur une journée, tu sais.
— Oui, ça fait beaucoup … Mais Jean-Luc a décidé de traîner dans le coin une dizaine de jours.  Donc, tu as encore une bonne semaine devant toi.

Tuvar revint à la maison en fin d’après-midi.

— Ça a été, ta journée ? demanda-t-il à sa compagne.
— Ma journée ! soupira-t-elle. T’ara, Aznîyr, Thomas, Aznîyr, William, T’ara, labo … Neshin, Efhraÿos et sa bénédiction de 46 gigaparsecs …
— … Noooon, s’exclama Tuvar, à la fois amusé et compatissant.
— Siiii… ! … Thomas, Aznîyr, T’ara, reprit-elle. Voilà ma journée
— Et Tuvar ?
— Lui ? Il est toujours dans mon cœur.

Le couple échangea un baiser.

— Et ta journée, à toi ? s’enquit-elle, tandis qu’il lui caressait le dos d’une main réconfortante.
— Rien de particulier cet après-midi. La routine. Je m’occupe du repas et de la petite. Va te détendre.

Daphné alla s’asseoir dans un fauteuil en faisant face au mur. Elle alluma son holo-émetteur de poche et brancha ses oreillettes.  Cinq hommes en tuniques noires, aux longs cheveux noués sur la nuque, coiffés, pour certains, de coiffes cylindriques surgirent du sol dans un rayon lumineux. Regroupés autour d’un lutrin, ils cantilaient une mélopée que Daphné était la seule à entendre.  

Tuvar, tout en découpant ses légumes, jeta un petit coup d’œil au spectacle. Il reconnut la séquence : la même formule chantée indéfiniment en boucle sur un air apaisant. Daphné avait vraiment besoin de se vider la tête.

Le lendemain, Thomas arriva en retard à l’atelier. Même s’il n’était tenu à aucun horaire, ce n’était pas son habitude de venir une demi-heure après tout le monde. Il tournait en rond sans se décider vraiment à quoi s’atteler. Sa nervosité s’expliquait et Tuvar ne s’en formalisait pas. Pas même lors qu’il se fit remballer en voulant l’aider alors que le rescapé perdait ses moyens devant un programme récalcitrant.  C’est bon, je vais y arriver. Arrêtez de me tenir par la main, avait-il ronchonné. Tuvar le prit avec philosophie et le laissa se dépatouiller. Mais au cours de l’après-midi, il constata que Thomas était parti sans rien dire. Cela ne lui ressemblait pas.

— Chmok, t’as pas vu Tom ? demanda Tuvar.
— Non, répondit-elle, lapidaire.
— Tu ne sais pas où il est ?
— Non.
— Chmok ! s’exclama Tuvar, un peu agacé par l’habitude de son employée de n’en dire que le moins possible.  Il est bien allé quelque part !
— Ben … il a dit qu’il allait se dérouiller les jambes … faut croire que ça rouille, les jambes des humains.

Elle se mit à rire, d’un rire très particulier. Elle inspirait bruyamment en faisant un long Euuuuuh sonore et interminable qui lui raclait les bronches, puis elle pouffait en petits Hi ! Hi ! Hi ! Si son humour était discutable, son rire incongru, lui, était communicatif.

Euuuuuuh ! Hi ! Hi ! Hi ! Euuuuuuh ! Hi ! Hi ! Hi !
— Bon d’accord, répondit Tuvar qui souriait malgré lui. Il n’a rien dit d’autre ?
— Il a …heuh !  heuh !  heuh ! … il a dit Heuuuuh ! …  
— Chmok ! … Respire un bon coup !
— … Il a dit : Toute façon, je fais ce que je veux, quelque chose comme ça …  
— La prochaine fois, dis-le-moi directement, fit Tuvar en secouant la tête.
— … Il a oublié sa flasque, constata-t-elle. Je vais aller lui porter.
— Non, laisse-le tranquille. Il a besoin d’être seul.
— Mais le soleil tape, il pourrait se déshydrater.
— Ça va, Chmok. Il a son Brascc. S’il est en difficulté, on le saura tout de suite et on le retrouvera.

Environ au même moment, Daphné rangea ses cultures et quitta son laboratoire, un peu lassée. Elle passa dans le sas de décontamination, ôta ses vêtements et les plaça dans un tiroir aseptisant. Elle fut baignée par un flux de rayons irisés.

Étape trois, terminée, disaient en chœur Lol et Fleeza 3.
—Reconstitution du microbiote cutané, ordonna Daphné.

Une bruine légère et éphémère remplit le sas.

Étape quatre, terminée, confirmèrent à nouveau les deux intelligences artificielles.

La porte du sas s’ouvrit. Fleeza 3 présenta ses vêtements à Daphné et l’aida à se rhabiller.

— T’ara est bien avec nounou M’nir? tâcha de se rappeler, Daphné.
— Bien sûr.
— Super. Tu peux t’éteindre, je pense que j’en ai fini.
— Attends. Tu as oublié ton Brascc ! dit l’HMS en lui tendant cette sorte de bracelet muni d’un disque plat.
— Je ne sais pas si je vais sortir. Enfin, donne toujours, répondit-elle en lui présentant le poignet.
— Ah ! … Fleeza 2 a un message pour toi.
— Tu transmets ?
— Tuvar lui a demandé de tenir Thomas à l’œil. Il a quitté l’atelier sans rien dire.
— Merci, je descends.
— A bientôt, dit le HMS avant de s’éteindre.

Le Brascc, pour bracelet-capteur-connecté, était un dispositif qui servait à la fois de montre, de géo-localisateur, de mini-tricordeur médical, de traducteur et de communicateur. Une épinglette, une boucle d’oreille ou un pendentif connecté au Brascc faisait office d’émetteur-récepteur.  Les Ghwenrhaâdên le préféraient au combadge qu’iels trouvaient limité.  L’avantage du Brascc était de garantir la santé et la sécurité de ses habitants au cas où l’un d’eux se serait égaré dans une des nombreuses étendues désertiques du système.  C’est grâce à cela que Fleeza 2 put annoncer à Daphné :

— Taux d’adrénaline et rythme élevé. Il y a une part de stress mais il est probablement en train de l’évacuer en faisant du sport.
— Il se trouve où ?
— Justement dans l’espace récréatif.
— Je vais aller y faire un tour.

Elle se saisit d’une flasque qu’elle plaça dans le synthétiseur.

— Synthétilol, 80 cl d’eau limonisée à 15°

Le synthétiseur remplit la flasque. Daphné la reboucha avec un capuchon qui pouvait faire office de gobelet.  

— Une serviette-éponge, dimension standard, commanda-t-elle ensuite.
N’oubliez pas de rapporter l’objet après usage …
— … afin de le recycler,
récita-elle en même temps que le synthétiseur.


Elle se rendit sans attendre à l’espace récréatif, une place ombragée, à l’entrée du parc, dédiée aux activités physiques, et y trouva Thomas en train de taper une balle contre un mur et de la rattraper. Elle signala sa présence d’un simple geste en montrant ce qu’elle avait apporté. Elle déposa flasque et serviette sur un banc et s’éloigna.

Thomas la rejoignit dans son salon moins d’un quart d’heure plus tard. Il rapportait la flasque et la serviette éponge. Il avait dû se passer la tête sous la fontaine du parc car il avait les cheveux et le haut des vêtements mouillés.

— Tu es partie vite, tout à l’heure, dit-il en se resservant d’eau au synthétiseur.
— J’ai eu l’impression que tu voulais être seul.

Il reprit la flasque et mit la serviette-éponge au recyclage.

— J’ai l’impression que je ne sais pas ce que je veux, avoua-t-il.
— Il y a des jours comme ça.
— Tu vas me tuer mais …
— Non, je ne vais pas te tuer, … j’ai eu trop de mal à de maintenir en vie, plaisanta-t-elle.

Il ne put s’empêcher de sourire et prit le temps de s’hydrater avant d’aller s’asseoir.

— J’ai dit à Will, expliqua-t-il, … j’ai conseillé à William d’aller se promener dans le parc en espérant quelque part … que le hasard nous ferait nous rencontrer … Mais je … enfin … Je suis en train de me défiler. Je ne suis plus aussi sûr de moi.
— Ne compte pas sur moi pour te faire la leçon, lui dit-elle plaisamment. Et Aznîyr, elle en pense quoi ?
— … Aznîyr, se risqua-t-il d’une voix hésitante, …  et sa manière de tout planifier … sur ce coup-là …
— … ?
— Elle est trop protectrice.
— … Iel est trop …, tenta de corriger gentiment Daphné.
— Elle ! coupa-t-il. Elle, comme mère poule.
— Tu lui en as parlé ?
— … Non ! … Je ne vois pas comment je lui en parlerais. Je ne vais pas trouver les mots.
— En lui racontant notre conversation ? suggéra-t-elle.
— C’est une idée, admit-il avant de boire quelques gorgées. Je n’ai pas fichu grand-chose aujourd’hui.
— Moi non plus, reconnut-elle. J’ai préféré ne pas me lancer dans une opération complexe. Je ne le sentais pas.

Thomas s’enfonça plus profondément dans le fauteuil, songeur. C’est à ce moment que les vantaux de la porte s’écartèrent devant le Commander Riker, un peu étonné qu’on le fasse entrer sans plus de cérémonie. De fait, le système informatique l’avait enregistré comme un familier et n’avait pas averti les occupants de sa venue. Son regard croisa celui de Thomas.

Surpris, Riker se figea sur place, son sourire s’éteignit et sa figure se vida de ses couleurs et Daphné eut tout juste le temps de bondir pour le rattraper comme elle le put pour amortir sa chute. Thomas écarquilla les yeux, éberlué.

— Eh ! je croyais que c’était moi, l’exemplaire déficient, murmura-t-il. Aide médicale requise, lança-t-il à haute voix.

Fleeza 2 se matérialisa tout aussitôt dans la pièce qui était munie d’holo-émetteurs. Elle aida Daphné à allonger correctement William sur le sol et lui suréleva les jambes.

— Qu’est-ce qu’il a ? demanda Thomas.
— Malaise vagal, répondit Daphné.
— Rien de grave, enchaîna Fleeza 2. Il va reprendre connaissance d’une minute à l’autre.
— Va te rasseoir, lui conseilla Daphné. Avec un Riker à terre, ça suffit, je n’en ai pas besoin d’un deuxième.
— Non mais moi, je me sens bien ! protesta-t-il… Eh ben, on dirait que la cuisine de Starfleet lui a bien profité.
— Tu pourrais l’inviter à t’accompagner à la salle de sport, lui répondit Fleeza 2. Tu te feras de la masse musculaire et ça fera fondre son excédent lipidique.

Le Commander Riker reprit connaissance. Fleeza2 l’aida à se relever tout doucement tandis que Daphné lui tendait un fauteuil.

— Qu’est-ce qui m’est arrivé ? demanda Will, les coudes sur les genoux et le menton dans les mains.
— Syncope vagale, répondit laconiquement Daphné.
— Quoi ? J’ai crashé l’Enterprise sur Veridian, j’ai combattu les Borgs et je m’évanouis comme ça, sans raison ?
— Pas sans raison, répliqua Fleeza. Se trouver brutalement face à son double qui porte les stigmates d’un vécu douloureux …

Tout en parlant, elle lui passa un Brascc, histoire d’avoir ses paramètres à l’œil.
— Je ne lui ai pas fait autant d’effet quand on a fait connaissance sur Nervala IV, répondit Thomas. Je crois plutôt que Mademoiselle avait trop serré son corset.

William releva la tête, regarda Thomas puis pouffa. Le rire fut communicatif.

— Eh bien, messieurs, si vous alliez poursuivre cette conservation dans l’espace holographique ? proposa Daphné.
— Très bonne idée, approuva Thomas.

A peine les deux Riker s’étaient-ils mis debout qu’ils furent téléportés avec Daphné dans le paysage alaskain.

— Oh ! Fleeza ! gronda Daphné. On aurait bien marché jusque-là, non ?
— Je préfère les voir assis, répondit l’HMA en leur présentant les transats au bord de la plage. Messieurs … ! Justin est dans les parages si vous avez faim ou soif.
— Justin ? s’étonna William. Justin est là ?
— Il faisait partie du paysage, répondit Thomas.

Un homme à vélo-cargo surgit en agitant la main.

— Sandwichs ? Rafraîchissement ? cria-t-il.
— Je vous laisse, déclara Daphné, tandis que le cycliste approchait. Vous êtes des grands garçons, ne vous battez pas, je ne ferai pas l’arbitre. Au fait, Tom, est-ce que je dois dire quelque chose à ... Mère-poule ?
— Mè … ? Ah, oui ! Tu peux lui dire.
— Mère-poule ? interrogea Will.

Daphné s’éclipsa avant d’entendre la réponse. Une fois sortie, elle laissa un message à Dr Aznîyr qui la rappela dans les dix minutes.

— Esprrrit d’initiative, approuva-t-iel. Trrrès bien ! C’est un bon sssiîgne … mais peut-êtrrre un peu prrrécipité.
— Je pense que ça va bien se passer.
— Je n’ai-é pas de crrrainte pourrr Thomas, mais … as-tu pensssé à Willi-am ?



Le capitaine Picard rejoignit Deanna Troi dans ses quartiers.

— Deanna ? Ça vous dirait d’aller faire un tour avec moi, à terre ?
—Vous voulez dire sur Fhrôh ?
— Oui. Je viens d’avoir un message de Daphné et elle pense que votre présence … votre présence pourrait être utile à Will. Il vient de rencontrer Thomas, en chair et en os.


Dernière édition par Lourima le Mar 27 Juil 2021, 21:31, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Daphne Fisher   Daphne Fisher Icon_minipostJeu 22 Juil 2021, 19:56

Lourima a écrit:
L'ennui, après les éloges, c'est qu'on a peur de décevoir ^^
Eh bien je ne suis pas déçu ! Very Happy

Mais à part la petite blague sur le fait que Will aurait grossi que j'aime pas trop, le reste est dans la continuité de la qualité des chapitres précédents. Very Happy
J'ai particulièrement aimé le dialogue entre Daphné et Læ Pr Efhraÿos. Smile

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MessageSujet: Re: Daphne Fisher   Daphne Fisher Icon_minipostJeu 22 Juil 2021, 20:37

C'est normal d'empâter avec l'âge. Compare les photos de Jonathan Frakers dans TNG et Nemesis, il n'est pas devenu bedonnant mais il n'a plus la même sveltesse.
Thomas, lui, a souffert de malnutrition. On peut comprendre qu'il plaisante de la différence physique.
D'ailleurs dans l'épisode de TNG où Will et Thomas se rencontre, il est un peu anormal qu'après huit ans seul, dans des conditions spartiates sur cette planète il n'y ait pas de petites différences de poids ou de rides entre les deux.
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MessageSujet: Re: Daphne Fisher   Daphne Fisher Icon_minipostVen 23 Juil 2021, 13:54

Ah non je me suis mal exprimé, je n'ai aucun problème avec le fait que Will ait grossit. C'est le fait que ça soit un sujet de plaisanterie qui ne m'a pas trop plu (Ce qui me gêne c'est quand on se moque des gros).
Mais après ton explication sur le fait que Thomas plaisante dessus par rapport au fait que lui a souffert de malnutrition, ça me va. Very Happy

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MessageSujet: Re: Daphne Fisher   Daphne Fisher Icon_minipostVen 23 Juil 2021, 14:17

Si ça peut te mettre à l'aise, je suis moi-même en surpoids, genre 15 à 20 kg de trop wink
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MessageSujet: Re: Daphne Fisher   Daphne Fisher Icon_minipostDim 25 Juil 2021, 15:44

Lourima a écrit:
Si ça peut te mettre à l'aise, je suis moi-même en surpoids, genre 15 à 20 kg de trop

Et m'y je fais alégrement mon quintal et demi

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MessageSujet: Re: Daphne Fisher   Daphne Fisher Icon_minipostLun 26 Juil 2021, 19:19

on va faire l'équipage de l' IMC +30 USS on-est-gros-et-on-te-*bip* Smile

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